James Blake – Love me in whatever way (+critique album: The colour in anything)

Bien sûr il y a toujours cette voix bouleversante, à ranger avec celles de Patrick Watson ou d’Anohni/Antony Hegarty. Car si James Blake se classe dans la musique électronique (à la tête du mouvement post-dubstep), c’est aussi par son chant qu’il s’élève haut, très haut, survolant la masse de bon nombre de productions électro interchangeables et sans âme.

Par son chant, mais pas seulement, car le jeune prodige anglais a plus d’une corde à son piano, et se double d’une inventivité certaine face aux machines. Avec ce long (17 titres, plus de 70 minutes) nouvel opus, Blake ne déçoit pas, et écrit une nouvelle page de sa discographie, sans montrer de signe particulier d’essoufflement après la montée en puissance qui séparait son bon premier album éponyme du brillant Overgrown.

Mêlant habilement harmonies soul et bidouillages électroniques, les titres de The colour in anything oscillent entre ambiances dérangées (Points, I hope my life) et chansons piano/voix déchirantes (f.o.r.e.v.e.r, The colour in anything).

Le titre Love me in whatever way est une bonne synthèse de ces deux extrêmes :

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Pantha du Prince – Frau Im Mond, Sterne Laufen (album: The triad)

A l’instar de Moderat, récemment chroniqué ici, Pantha du Prince est l’un des représentants les plus intéressant de la musique électronique berlinoise tendance house minimale. On pourrait le qualifier ironiquement de « fée clochette de l’electronica », la marque de fabrique de l’Allemand ayant toujours été d’intégrer à sa musique moult tintements enregistrés ici et là, petite manie qui connaîtra son apothéose avec l’album Elements of light paru en 2013 et réalisé en collaboration avec The Bell Laboratory, un collectif de percussionnistes norvégiens maniant les carillons de trois tonnes avec dextérité. Son successeur, paru avant l’été, est à classer dans les bonnes productions de Pantha du Prince, qui s’est adjoint les services de deux autres musiciens (dont un membre de The Bell Laboratory) pour le composer, d’où son titre : The Triad.

Moderat – Bad kingdom

Bon point argentJe réalise avec horreur à l’occasion de la sortie du troisième et apparemment ultime opus de Moderat que je n’en ai jamais parlé ici, ni d’ailleurs d’Apparat, une des deux moitiés de ce trio (je vais m’expliquer sans tarder sur cette étrange conception des mathématiques)

Moderat est effectivement une sorte de duo qui rassemble deux entités : Modselektor, lui-même constitué d’un duo, et Apparat, constitué de Sascha Ring tout seul. Bref, Modselektor + Apparat = Moderat, et au total ils sont trois. Et font partie de la crème de la scène électronique berlinoise.

En parallèle de leurs carrières respectives, ces artistes ont donc décidé de faire cause commune le temps d’une trilogie dont le dernier chapitre vient donc de sortir. Plutôt que de se creuser la tête à trouver des titres à leurs albums (nommés Moderat, II et III), les trois acolytes ont préféré se concentrer sur la musique… Du coup, difficile de recommander un album plus qu’un autre, la qualité étant au rendez-vous du début à la fin. Toujours pourra-t-on noter que l’évolution de Moderat a suivi celle d’Apparat qui, de DJ/producteur à ses début (dans une veine glitch/IDM de la lignée des Aphex Twin), s’est progressivement tourné vers le chant et des formats plus pop. Alors que le premier Moderat est donc très instrumental, les suivants voient la voix de Sascha Ring prendre une place croissante.

Difficile aussi de choisir un titre, mais c’est finalement Bad kingdom, extrait de II, qui coiffe Reminder (extrait de III) au poteau. On citera également comme autres très bons titres : Seamonkey et Nasty silence sur Moderat, Therapy sur II, et Intruder sur III.

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Benjamin Biolay – La débandade (album: Palermo hollywood)

Après le disciple (Marvin Jouno, voir article précédent), le maître : Benjamin Biolay revient avec un nouvel album intitulé Palermo hollywood.

Rappel des faits : il est toujours difficile de donner suite à un chef d’œuvre, et La vengeance, bon album dans l’absolu, avait pu décevoir tant Benjamin Biolay avait placé la barre haut avec sa précédente livraison, bien nommée La superbe. L’on se demandait donc de quel niveau serait ce nouvel album, après la parenthèse hommage à Trenet. Biolay allait-il retrouver les cimes ou La superbe n’était-il qu’un artefact dans une discographie par ailleurs plus qu’honorable? La réponse est vraisemblablement entre les deux : sans égaler le quasi-indétrônable La superbe, il est néanmoins plus inspiré et cohérent que La vengeance, marquant un retour en forme du chanteur. Biolay y a bien digéré les influences musicales du pays qui l’a hébergé pendant la réalisation de cette album (l’Argentine), apportant avec réussite une coloration latino-américaine inédite dans sa discographie.

La débandade, pertinemment choisi comme un des singles de l’album, en est un exemple.

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Note d’information : le premier album de Camp Claude, dont le titre Hurricanes a été chroniqué ici, est désormais disponible et est plutôt réussi. On se demandera juste ce qui a pu pousser le groupe à refaire le mixage de ce titre entre-temps : la version incluse dans l’album y est en effet moins bien que celle d’origine, amputée de sa basse sur tout le morceau ainsi que de sa texture de guitare très « dream pop » (Cocteau Twins…) en fin de morceau. Étrange et un peu décevant, cette chanson étant (ou ayant pu être…) un des meilleurs titres de l’album.

Dominique A – Au revoir mon amour

J’ai dû mal entendre : vendredi dernier sur France Télévisions, la Victoire de l’artiste masculin de l’année n’a pas pu échapper à Dominique A alors qu’il était opposé à Kendji Girac et Vianney, et qu’il venait d’interpréter la si jolie chanson Au revoir mon amour extraite de son de son dernier album Eléor. Si? Ah…

Alors, seconde hypothèse : le jury doit mal entendre

Je rassure ceux qui n’ont pas regardé la cérémonie, Kendji Girac n’a pas gagné non plus, l’honneur est sauf, c’est un moindre mal. Mais quand même, si Vianney est un jeune chanteur plutôt sympathique, il n’y a quand même pas photo entre « Pas là, pas là, mais t’es pas là, mais t’es où, pas là, mais t’es pas là, mais t’es où, pas là, mais t’es pas là, mais t’es où? » et ça :

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Heureusement que Dominique A s’était vengé par avance de l’affront dès 1996, date de son premier passage aux Victoires, en livrant une version live modifiée pour l’occasion de son tube du moment Twenty two bar. Un grand moment où il se paie le milieu de la chanson française endormi sous son nez, sans que celui-ci ne bronche : CQFD… On ne s’en lasse pas (de 0’50 » à 1’45 » dans la vidéo)

A la télévision française, je chantais
Je ne sais plus pourquoi c’était
En face de moi les gens dormaient

Si par hasard il s’éveillaient, il sentaient
Leur vieux décor se balancer
Plusieurs fois manquer de tomber

Même si le petit pont de bois s’écroulait
Des cocoricos s’élevaient
La chanson d’ici ils y croyaient

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Anima! – Breathe

Anima!, duo sud-africano-californien, vient de sortir son premier album, sans distribution physique il semble, du moins pas en France.

Secret encore bien gardé, ce petit bijou s’écoute (et s’achète : je vous encourage à les encourager…) sur BandCamp.

En voici un extrait:

Portico – 101 (album: Living Fields)

Son percussionniste joueur de hang ayant fait défection alors que celui-ci remplaçait déjà un premier percussionniste, Nick Mulvey, parti pour une aventure folk en solo, Portico Quartet a donc décidé de rester à trois et de supprimer le désormais inadapté terme Quartet de son nom pour devenir simplement Portico. C’est sous ce nom qu’ils ont livré leur dernier album Living fields, passant du label Real World de Peter Gabriel à Ninja Tune (une référence en matière de musique électronique). Car privé de son percussionniste, le groupe délaisse un peu ses tendances jazz pour aller vers plus d’électronique (qui n’était cependant pas totalement absente des albums précédents). Habitué des instrumentaux, Portico invite sur ce nouvel album divers chanteurs, dont celui d’un des groupes les plus intéressants à avoir émergé ces dernières années : Alt-J. Cette collaboration a donné naissance à des titres tels que l’hypnotisant 101:

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Mercury Rev – The queen of swans (album: The light in you)

A ne pas trouver le temps d’écrire des chroniques documentées, ce blog a vu le délai entre chaque publication s’allonger significativement. Sa vocation initiale étant de faire découvrir/écouter de la musique sans forcément de disserter longuement à son sujet mieux vaut un article court que pas d’article du tout.

Cela faisait un moment (7 ans!) qu’on attendait des nouvelles de Mercury Rev. Les auteurs du magistral Deserter’s songs nous reviennent assez en forme avec un nouvel album intitulé The light in you, qui commence ainsi :

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Saycet – Mirages (acoustic version)

J’ai déjà parlé de Saycet, orfèvre de la musique électronique française injustement méconnu, à l’occasion d’un EP préludant à la sortie de son troisième album Mirages (même si on peut lui préférer son prédécesseur, Through the window, à écouter absolument). Vient de sortir un nouvel EP qui y fait suite, et qui inclut une version acoustique du titre éponyme du dernier album, l’occasion d’écouter la délicate musique du parisien dans un contexte différent de celui des machines.

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On trouve également sur le net une version live enregistrée sur un toit de Paris:

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Jeanne Added – Look at them (album: Be sensational)

Formée au chant lyrique et au violoncelle au conservatoire, Jeanne Added passe ensuite par le jazz avant de se lancer en solo dans un registre très électronique (tendance 80’s new wave / cold wave), notamment à l’occasion d’une résidence remarquée aux Transmusicales 2014. Produit par Dan Lévy (la moitié masculine de The Do) son premier album s’intitule Be Sensational, et si Look at them n’en reflète pas la dureté et la noirceur qui s’en dégage parfois, elle met en lumière l’indéniable talent vocal de son interprète.

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En concert le 22 octobre à l’Ubu à Rennes…

Low – The innocents (album: Ones and sixes)

Un nouvel album de Low est toujours une bonne nouvelle. Groupe fondateur et plus ou moins unique représentant du courant slowcore, Low nous a habitués depuis 20 ans à de majestueux albums batterie/basse/guitare au tempo (très) lent, et dont la mélancolique beauté doit beaucoup aux harmonies vocales d’Alan Sparhawk et Mimi Parker. Si le couple de mormons nous avait livré récemment des disques plus lumineux, c’est par contre la première fois que l’électronique y occupe une place notoire, principalement au niveau des rythmiques. Bref, sans perdre son âme, le groupe apporte une touche de renouvellement à son œuvre. Et l’on s’en réjouit.

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L’album complet, globalement très réussi, est en écoute gratuite complète sur Bandcamp (du moins à l’heure actuelle)

Best of 2014 : rétrospective de l’année

Plions nous à l’exercice obligé du bilan de l’année passée. Qu’en retenir musicalement parlant?

  • Scène Française :

2014 aura été un assez bon crû. Dans l’hexagone, en termes de succès, la révélation de l’année a bien sûr été Christine and the queens et son premier album Chaleur humaine.

Après des premières tentatives pas inintéressantes mais pas totalement convaincantes non plus, François and the Atlas mountains avec Piano Ombre, et Cascadeur avec Ghost surfer sont passés à la vitesse supérieure.

Les Rennais de Mermonte ont également transformé l’essai haut la main avec leur deuxière production : Audiorama.

Le dernier Miossec, Ici bas, ici même, a été salué comme une de ses productions les plus réussies.

Florent Marchet nous a emmené dans un trip interstellaire avec son concept album Bambi galaxy. L’occasion pour ceux qui ne le connaissaient pas de découvrir sa discographie.

Le son de la guitare se marie bien avec la voix d’Olivia Merilahti, ce qui peut expliquer que j’aie un peu moins goûté le nouveau The Do, Shook shake shaken, entièrement réalisé sur ordinateur, que les précédents, mais le songwriting y reste très bon.

Le premier album du phénomène de 2013 Fauve, intitulé Vieux frères, a fini par sortir. A noté que leur second album intitulé… Vieux frères 2, est à paraître le mois prochain. Peut-être est-ce dû au fait que l’effet de surprise est passé, mais les premiers titres déjà disponibles m’ont paru moins convaincants.

On n’oubliera pas non plus qu’il y a eu un nouvel album d’Hubert-Félix Thiéfaine, Stratégie de l’inespoir, même s’il s’avère légèrement en deçà du précédent, reste un bon cru.

  • Au rayon pop/rock :

Je suis pas particulièrement amateur de ce qu’il fait (tous les goûts sont dans la nature), mais difficile de ne pas citer Damon Albarn et son album Everyday robots, qui a remporté un large succès critique. Et bien sûr le très attendu second album d’Alt-J : This is all yours, qui a plutôt bien tenu ses promesses.

Personnellement, c’est This is my hand, le dernier album de My brightest diamond, qui aura particulièrement retenu mon attention dans cette catégorie. Si l’américaine n’en est pas à son coup d’essai, celui-ci est un coup de maître.

Côté rock, si Sonic Youth n’existe plus, son esprit perdure dans le second album solo de son guitariste Thurston moore, The best day. Pas révolutionnaire, mais les fans du groupe y trouveront leur compte.

  • Au rayon Folk, on citera :

Sun Kil MoonBenji : même s’il ne se renouvelle pas radicalement d’un disque sur l’autre, et qu’entre les Red House Painters, Sun Kil Moon et les albums solo, la discographie de Mark Kozelek commence à être longue, cela reste un plaisir d’en découvrir une nouvelle production.

Nick MulveyFirst Mind : ex-joueur de hang drum au sein du groupe plutôt jazz Portico Quartet, Nick Mulvey livre un premier album solo dans lequel il chante du folk… et c’est plutôt réussi, même si je préfère Portico Quartet, plus innovant.

  • Du côté des musiques électroniques :

Deux vétérans du prestigieux label britannique Warp ont publié un nouvel album: Aphex Twin (Syro), un petit événement puisque le dernier LP de la tête de gondole du label datait de 2001, et les inoxydables Plaid qui, sans se révolutionner, reviennent assez en forme après trois ans d’absence avec Reachy Prints.

Le canadien Caribou (anciennement Manitoba) a livré avec Our love un album un peu plus pop qui a connu un excellent accueil critique.

Deptford goth est revenu avec Songs en se mettant dans les traces de James Blake (en un peu moins bien, mais bon album quand même). On pourra à moindre titre citer Seekae et son The worry.

Il ne s’agit que d’un EP, mais le Volcano du Français Saycet, qui prélude à un album en 2015 nous a mis fortement l’eau à la bouche…

  • R’n’b

Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, le R’n’b et consorts se limitait dans mon esprit aux Rihanna et autres Shy’m. En fait, pas seulement, et on peut trouver des artistes classé(e)s dans cette mouvance qui produisent des albums tout-à-fait dignes d’intérêt… On retiendra donc pour 2014 le sobrement intitulé LP1 de FKA Twigs, ainsi que le Goddess de Banks.

 

Pour finir, il semble qu’en 2014 je sois passé à côté de deux albums qui auraient amplement mérités un article : ceux de The Notwist et de Sohn. Ces oublis seront réparés prochainement…

Camelia Jordana – Retrograde

Je n’apprécie pas forcément plus que cela le style musical de certaines chansons du répertoire de Camelia Jordana, mais force est de reconnaître que la jeune femme a une voix incroyable. Alors quand elle reprend ce qui est probablement mon titre préféré de James Blake, cela donne cette petite merveille :

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La Maison Tellier – Sur un volcan (album: Beauté pour tous)

Après le titre Volcano de Saycet présenté dans l’article précédent, nous conclurons l’année 2014 en persévérant dans le registre volcanique…

Le groupe La Maison Tellier est composée de Raoul Tellier, Helmut Tellier, Léopold Tellier, Alphonse Tellier et Alexandre Tellier. La première question qui vient donc à l’esprit est bien évidemment : mais d’où vient le nom du groupe? D’une nouvelle de Maupassant… Rien à voir, donc, avec le patronyme de ses cinq membres (ou si peu…)

Considérant ensuite le fait que les principaux membres du groupe, outre le fait de s’appeler Tellier, arborent des barbes assez fournies, vient une seconde question toute aussi évidente : mais pourquoi donc Sébastien Tellier ne fait-il pas partie du groupe?

En attendant cet improbable ralliement, La Maison Tellier a sorti quatre albums en une dizaine d’années d’activité. Sur un Volcan, extrait de leur dernier album Beauté pour tous, ne brille certes pas par la complexité de sa progression harmonique. La grille d’accords sur laquelle repose l’intégralité de la chanson tient en effet en 4 secondes chrono : 2 secondes de Do mineur, 2 secondes de Mi bémol majeur et on recommence. Cela contribue-t-il à rendre Sur un Volcan aussi entêtante? Car une fois rentrée dans la tête, la chanson en sort difficilement. Et si le matériau de base est assez minimaliste (un ostinato à la guitare), le titre n’en est pas moins riche d’arrangements bien construits accompagnant un texte bien écrit, faisant de l’ensemble une réussite : au final, une chanson attachante, voire addictive.

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Fakear – La lune rousse (EP: Sauvage)

En écho au Angel Echoes de Four Tet et à ses collages de voix féminines, qui faisaient l’objet de l’article précédent, voici La lune rousse, titre reposant lui aussi sur un montage vocal lancinant.

Ce morceau est l’oeuvre de Fakear : remarqué aux Transmusicales 2013, et figurant au palmarès du prix ADAMI Deezer 2014, le jeune caennais est une des sensations françaises de l’année dans le petit monde de la musique électronique. Pas encore d’album au compteur, mais trois EPs remarqués dont le dernier en date, Sauvage, s’ouvre sur ce titre.

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Neneh Cherry – 422 (Album: Blank Project)

Le nom de Neneh Cherry renvoie immanquablement aux années 90 : c’est en effet à cette époque qu’elle signe quelques tubes planétaires, dont le fameux 7 seconds en duo avec Youssou N’Dour, avant de disparaître du paysage musical. Depuis, la chanteuse suédoise s’était faite discrète.

Pour son retour en solo vingt ans après ses années de gloire, Neneh Cherry, dont on ne contestera pas les goûts en matière de musique électronique (elle et son mari contribuèrent fortement au lancement de Massive Attack), a eu la pertinente idée de confier la production de son album à Kieran Hebden, alias Four Tet, pseudonyme sous lequel le musicien britannique officie depuis une quinzaine d’année.

Entre la toujours belle et chaude voix de Neneh Cherry et les arrangements plus froids qu’à son habitude élaborés par Four Tet, une intéressante alchimie se produit. Avec sa musique moins martiale que le reste de l’album, le titre 422 n’en est probablement pas l’exemple le plus représentatif, mais il n’en est pas moins une réussite.

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James Vincent McMorrow – Look out (Album: Post tropical)

Si vous aimez Patrick Watson, son folk raffiné et sa voix androgyne, vous aimerez l’irlandais James Vincent McMorrow, dont l’excellent second album Post tropical, vient de sortir. Look out en est un extrait, parmi d’autres non moins belles chansons aux arrangements subtils. Un peu de finesse dans un monde de brutes…

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Fauve – De ceux (album: Vieux Frères – Partie 1)

Ça y est, faisant suite à l’EP Blizzard, le premier album du collectif Fauve est sorti aujourd’hui. Fauve ne laisse pas indifférent, on adore ou on déteste, ou éventuellement on se demande si on adore ou si on déteste.

Quoi qu’il en soit, ceux qui leur reprochaient leur nombrilisme-bobo-parisien-post-adolescent ne changeront pas d’avis avec cet album. Et si c’est un point de vue qui peut s’entendre (si tant est qu’on puisse entendre un point de vue…), le groupe étant effectivement composé de jeunes parisiens issus de milieux pas particulièrement défavorisés et ayant fait des études supérieures, il ne devrait pas non plus faire changer d’avis les fans de la première heure qui ont vu en Fauve les porte-paroles d’une « génération désenchantée » (selon l’expression de la philosophe Mylène Farmer) et ont initié le buzz autour du collectif. Buzz qui, après s’être limité aux milieux indépendants, est en train de prendre une ampleur certaine : peu d’artistes peuvent se targuer d’avoir eu des articles (généralement élogieux) dans l’Express, Libération, Le Point, Le Figaro, etc. le jour de la sortie de leur premier album.

Bref, à scander:

« Nous sommes de ceux qu’on ne remarque pas
Des fantômes / des transparents / des moyens »

…Fauve a fini par se faire remarquer, presque trop, au risque que ceux qui se reconnaissaient dans leurs textes ne se détournent d’eux. Espérons que ce groupe prometteur qui revendique l’ombre ne se perdra pas dans la lumière que les médias sont en train de braquer sur lui.

En ce qui nous concerne, et jusqu’à nouvel ordre, nous sommes de ceux qui aiment Fauve.

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Haley Bonar – Snowyish

Bandcamp est un site qui met en relation directe artistes et public, sans l’intermédiaire d’un label : tout musicien peut y faire écouter et y vendre (au prix d’une petite commission) sa musique en ligne. Si on y trouve quelques noms relativement connus (Sufjan Stevens, Four Tet, Laetitia Sheriff, Mansfield Tya…), le site héberge aussi nombre d’artistes qui le sont moins (voire des amateurs qui ne sortent leur album qu’en version digitale), au milieu desquels on trouve parfois de bonnes surprises, comme cet instrumental très atmosphérique de la chanteuse américaine Haley Bonar, dont la bio stipule qu’elle a été découverte par Alan Sparhawk de Low, groupe dont elle a par la suite assuré la première partie lors d’une tournée aux Etats-Unis. Si ses 4 albums sont par ailleurs disponibles sur les plateformes de streaming telles que Deezer ou les disquaires en ligne comme Amazon, le morceau en question fait partie d’un EP offert gracieusement (ou presque : vous payez ce que vous voulez) et disponible uniquement sur Bandcamp.

Un morceau hivernal, enregistré chez elle par Haley Bonar, dont le son brut contribue à l’atmosphère générale du titre.

Best of 2013 : rétrospective de l’année

L’année 2013 est terminée : c’est l’heure du bilan. On en retiendra…

…qu’avec son superbe second album Overgrown, James Blake a transformé l’essai
James Blake – Overgrown

…que les sables bitumineux ne sont pas les seuls gisements à la mode en ce moment au Canada : en creusant un peu on y trouve aussi de l’excellente electro-pop, avec la sortie du premier album de Purity Ring, et du second album d’Austra (après celui de Grimes l’année précédente) : Purity ring – Shrines, Austra – Olympia

…que Depeche Mode a retrouvé ses fondamentaux : Depeche Mode – Delta Machine

…que le label 4AD a retrouvé en Daughter un groupe dans le style de ceux qui ont fait l’esprit du label pendant ses grandes heures dans les années 80-90 : Daughter – If you leave

…que Daniel Darc est mort. Puis a sorti un de ses meilleurs albums : Daniel Darc – Chapelle Sixteen

…que Lou Reed l’a rejoint

…que Sufjan Stevens s’est trouvé un fils spirituel en la personne de Son Lux (tiens, « Son », d’ailleurs, ça veut dire « fils » en anglais) : Son Lux – Lanterns

…que le rock indé américain tendance calme se porte bien, avec Low qui continue de suivre son peu visible mais précieux chemin (Low – The invisible way), The National (The National – Trouble will find me) et les Local Natives (Local Natives – Hummingbird)

…qu’on est créatif en Europe du Nord, avec d’un côté le folk calme et mélancolique de la danoise Agnes Obel qui confirme son talent dans son deuxième album (Agnes Obel – Aventine), et de l’autre l’electro-pop torturée des suédois de The Knife (Shaking the habitual). Sans oublier Sigur Ros (Kveikur), qui s’est plutôt bien remis du départ d’un de ses membres.

…que les Tindersticks ont fêté leurs 20 ans de carrière avec un disque

…qu’un retour qu’on n’attendait plus s’est produit : My bloody valentine – MBV

…qu’un retour qu’on attendait s’est produit, celui de Bertrand Cantat à la musique : Détroit – Horizons

…que deux des groupes français qui s’exportent le mieux ont sorti un album (dont un a été un carton planétaire) : Daft Punk – Random Access Memories, Phoenix – Bankrupt!

…qu’un autre frenchie au profil international s’est révélé avec la sortie de The Golden Age, premier (et dernier?) album de Woodkid, source de débats passionnés entre ceux s’extasiant sur l’album de l’année et ceux dénonçant une une grandiloquence pleine de vide : Woodkid – The golden age

…que Stromae est toujours Formidable (et réussit le tour de force de plaire aussi bien aux pré-ados qu’aux journalistes des Inrocks et de Télérama)

…qu’Albin de la Simone est quadragénaire et que ça le travaille : Albin de la Simone – Un homme

…qu’Higelin est septuagénaire et que ça le travaille aussi : Higelin – Beau repaire

…que la chanson française se porte plutôt bien, avec les sorties (en plus des sus-cités) de bons albums de : Arman Méliès (IV), Zazie (Cyclo), Julien Doré, Vincent Delerm, Bertrand Belin et Etienne Daho

…qu’un vent de nouveauté a soufflé sur celle-ci quand les Fauve ont été lâchés dans le paysage musical : Fauve – Blizzard

…que la pop électronique hexagonale a elle aussi une jolie Peau : Peau – Archipel

On citera aussi en vrac: le nouvel Arcade Fire (Reflektor), la BO de la série Les Revenants par Mogwai, un nouveau disque du toujours plaisant Bonobo (The North Borders), et j’en passe…