Björk – Fossora

Quelle délicate attention de la part de Björk que de sortir son nouvel album Fossora le jour de mon anniversaire… Et quel album! On dérogera donc exceptionnellement (enfin, pas tant que ça) à la règle implicite de ce site qui veut qu’un article traite d’un morceau, tant il serait réducteur d’en isoler un pour représenter le tout : il faut écouter Fossora en entier pour en prendre toute la mesure. Comme Björk nous y a habitués depuis un certain temps, il ne faut pas s’attendre à trouver des titres tubesques dont on retient le refrain à la première écoute : c’est foisonnant d’expérimentation et de créativité. L’unité de l’album se fait néanmoins autour d’une thématique, comme souvent depuis quelques années chez Björk (ici : les champignons…), et sur une instrumentation : la présence marquée d’un instrument parfaitement inhabituel dans la pop électronique (si on peut ranger Björk dans un genre musical), à savoir la clarinette basse, supportée par d’autres instruments classiques (violon, flûte…) qui viennent se mêler aux sons électroniques et aux harmonies vocales. Le tout oscille entre choeurs mélancoliques, beats techno, cordes classiques plaintives et musique contemporaine atonale, formant néanmoins un tout cohérent. Un album audacieux, réussi, et très certainement une des sorties les plus marquantes de cette rentrée 2022.

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Apparat – Song of Los (album: The devil’s walk)

Bon point orPour faire suite à la chronique du nouvel album de Moderat, qui fut l’occasion de réaliser la totale absence sur ces pages de l’excellent Apparat (également membre de Moderat), terminons de réparer cette omission en lui consacrant un article.

Sascha Ring (alias Apparat) est depuis les années 2000 et avec sa comparse Ellen Allien, un des fers de lance de la musique électronique berlinoise (voir leur album commun Orchestra of bubbles, paru en 2006). Si cette dernière verse plutôt dans une tech/house minimale, Apparat est passé progressivement d’une musique électronique assez complexe (lorgnant plus du côté des artistes du label anglais Warp tels qu’Aphex Twin ou Autechre) à un registre plus pop, endossant progressivement le costume de chanteur en plus de celui de compositeur/producteur. C’est l’album Walls qui marque le début de cette transition, achevée avec The devil’s walk, paru en 2011, brillant album dans lequel figurent quelques pépites somptueusement mélancoliques telles que Song of los.

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Moderat – Bad kingdom

Bon point argentJe réalise avec horreur à l’occasion de la sortie du troisième et apparemment ultime opus de Moderat que je n’en ai jamais parlé ici, ni d’ailleurs d’Apparat, une des deux moitiés de ce trio (je vais m’expliquer sans tarder sur cette étrange conception des mathématiques)

Moderat est effectivement une sorte de duo qui rassemble deux entités : Modselektor, lui-même constitué d’un duo, et Apparat, constitué de Sascha Ring tout seul. Bref, Modselektor + Apparat = Moderat, et au total ils sont trois. Et font partie de la crème de la scène électronique berlinoise.

En parallèle de leurs carrières respectives, ces artistes ont donc décidé de faire cause commune le temps d’une trilogie dont le dernier chapitre vient donc de sortir. Plutôt que de se creuser la tête à trouver des titres à leurs albums (nommés Moderat, II et III), les trois acolytes ont préféré se concentrer sur la musique… Du coup, difficile de recommander un album plus qu’un autre, la qualité étant au rendez-vous du début à la fin. Toujours pourra-t-on noter que l’évolution de Moderat a suivi celle d’Apparat qui, de DJ/producteur à ses début (dans une veine glitch/IDM de la lignée des Aphex Twin), s’est progressivement tourné vers le chant et des formats plus pop. Alors que le premier Moderat est donc très instrumental, les suivants voient la voix de Sascha Ring prendre une place croissante.

Difficile aussi de choisir un titre, mais c’est finalement Bad kingdom, extrait de II, qui coiffe Reminder (extrait de III) au poteau. On citera également comme autres très bons titres : Seamonkey et Nasty silence sur Moderat, Therapy sur II, et Intruder sur III.

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Kat Onoma – La chambre

Bon point argentUn des seuls titres en français des alsaciens de Kat Onoma : La chambre, dont le texte est adapté d’un poème de Pierre Alféri, fils du philosophe Jacques Derrida. C’était en 1995, dans l’album Far from the pictures. Le jeu de guitare de Rodolphe Burger est aussi subtil que sa voix est profonde.

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Sigur Ros – Glosoli (album: Takk)

En Bon point orIslande, la scène musicale de ce si petit pays (300 000 habitants) est aussi bouillonnante que ses geysers. Outre l’elfe électronique Björk, on y trouve également le groupe de post-rock Sigur Ros, dont la musique ne peut laisser insensible le jour où on la découvre. Ce que les non initiés à la voix céleste de Jonsi, le leader du groupe, vont donc avoir l’occasion de faire ici.

S’il fallait n’écouter qu’un de leurs albums, ce serait sans hésiter « Takk » (« Merci » en islandais), paru en 2005, dont voici un extrait. Mettez un casque, montez le son, et bon voyage…

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Kristin Hersh – The letter

Bon point orSuite de la série inspirée par la playlist de grève de France Info : rockeuse en groupe (Throwing muses), folkeuse en solo, Kristin Hersh est une figure historique du label 4AD des années 90, aux côtés de Dead Can Dance, Cocteau Twins ou encore des Pixies.

Choix cornélien, pas pour l’album où le premier, Hips and makers, est probablement le plus beau, mais sur le titre au sein de l’album. France Info diffuse le single, Your ghost, un très beau duo avec Michael Stipe (le chanteur de REM), mais un autre titre encore plus bouleversant sort du lot : The letter, ou comment faire une chanson déchirante juste avec une guitare sèche et deux accords.

Allez, allons-y pour The letter comme titre phare de cet article…
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Cependant, Your ghost n’est franchement pas mal non plus :

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Portishead – Undenied

Bon point orSuite de la série inspirée par la playlist de grève de France Info : la diffusion du titre n°2 (All mine) du deuxième album de Portishead, album dont je n’apprécie pas la couleur sonore très froide, m’invite à partager ici le titre suivant de ce même album, Undenied. Une chanson qui, par sa mélancolie plus douce, n’aurait pas détonné au sein du premier opus de Portishead dont, vingt ans après, je me rappelle encore précisément la première écoute tellement elle fut une révélation musicale pour moi.

Avec seulement trois albums au compteur en vingt ans, chacun plus difficile d’accès que le précédent, on ne peut pas dire Portishead ait cherché à surfer sur le succès de leur coup d’essai (et coup de maître) Dummy. C’est peut-être aussi cette intégrité et cette parcimonie dans la production qui fait que chaque apparition du groupe reste un événement, alors qu’ils n’ont publié qu’un seul album ces dix-sept dernières années.

Et puis bien sûr, il y a cette voix, la voix à fleur de peau de Beth Gibbons qui vous met les tripes sens dessus-dessous…

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Björk – Stonemilker (album: Vulnicura)

Bon point argentOn avait adoré quand Björk avait sorti les violons pour nous parler de sa meilleure amie dans Joga (Homogenic – 1997)

On adore de nouveau lorsqu’elle les ressort pour nous parler de son amour perdu dans Stonemilker, premier titre de son nouvel album Vulnicura.

On aurait aussi adoré vous faire partager facilement cette magnifique chanson de cette artiste unique, malheureusement Björk ne nous facilite pas la tâche, à nous autres passeurs de musique : celle-ci a en effet refusé que son nouvel album figure sur les plateformes de streaming (ceci dit, il est vrai que la rémunération des artistes y est anecdotique), et si le titre bénéficie bien d’un clip, celui-ci est en 3D immersive est n’est visualisable qu’avec un casque Oculus Rift. Pas la peine de le chercher sur Youtube, donc, ni sur Vimeo où vous risquez d’atterrir sur un clip non-officiel (supposément de danse contemporaine, puisqu’un chorégraphe est cité dans les crédits) où un monsieur tout nu et filmé en noir et blanc se roule dans la boue et fait le poirier le zizi à l’air ce qui, disons-le tout de go, n’aide pas à se concentrer sur la beauté du chant de l’Islandaise(*)

Ne reste donc plus que Grooveshark (la plateforme de streaming qui se veut légale selon ses fondateurs, mais qui croule néanmoins sous les procès des majors) ou d’éphémères liens sur Youtube avec la pochette du disque en guise de clip.

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Et si vous voulez la voir en concert, sachez que Björk fait deux dates en France cet été, dont la Route du Rock le 15 août à Saint Malo (l’autre concert, en juillet à Lyon est déjà complet)

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(*)Allez, pour ceux qui veulent rigoler un coup, je vous mets le lien, mais je vous en conjure, si vous vous en servez pour écouter la chanson, éteignez votre écran.

Limousine – La Gaviota

On ne peut pas dire que Limousine soit célébrissime… Ni ce Limousine-là (français), ni les autres d’ailleurs, car plusieurs groupes partagent ce nom. Trois albums (instrumentaux) au compteur, en 2006, 2012 et 2014. Pour le reste, ne les connaissant moi-même pas très bien, j’assume le panaché de copier-coller ci-dessous en provenance des Inrocks et de Magic:

Deux ans avant que Poni Hoax ne devienne le meilleur groupe de rock de l’Hexagone (NDLR: c’est l’avis de Magic, qui a la fâcheuse de dégoter deux ou trois meilleurs groupes de la décennie par numéro…), le compositeur, saxophoniste et multi-instrumentiste Laurent Bardainne avait fondé Limousine en compagnie de Maxime Delpierre (guitare) et David Aknin (batterie) – issus comme lui-même d’une scène jazz trop étriquée pour leurs envies respectives de diversité et de légèreté. Interprétées avec toute la retenue et la classe d’instrumentistes chevronnés fonctionnant en symbiose, la seule chose qui soit “jazz” au sujet des neuf pièces qui composent ce magnifique deuxième album est la superbe et chaleureuse mise en son, qui produit exactement la même impression de feutré et de proximité que généraient les enregistrements du tandem Gil Evans/Miles Davis.

Non, ici tout est cinématique, volontairement, ouvertement. Passée l’agréable sensation de la première écoute, le temps de faire un clin d’œil à Brian Eno et Air réunis (Cosmos), les suivantes suggèrent qu’ il n’est pas impossible que II soit aussi un “album-devinette”, imaginé pour titiller les sens du mélomane cinéphile.

Cette musique de peu de notes se révèle hautement suggestive, d’une perversité que n’affichent pas son élégance, sa joliesse. Répétitive comme une idée noire qui tournerait dans une nuit blanche, elle dessine à force de boucles une fresque, un dédale dont la profondeur de champ vire parfois au vertige – impression d’un Sergio Leone mis en son par Godspeed You! Black Emperor. Pop-music laconique, où il faut fermer les yeux pour relier les points épars par des traits flous et colorés. Fascinant.

Fin du plagiat, place à l’écoute du premier titre du deuxième album de Limousine, sobrement (comme leur musique) intitulé « II ».

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The Cinematic Orchestra – To build a home (album: Ma fleur)

Bon point argentOn ne sait pas trop comment ça leur a pris, aux gens de la production d’une émission de télé crochet animée par Benjamin Castaldi sur D8 (la Nouvelle Star, pour ne pas la nommer)… On se demande encore par quels méandres de leurs connexions neuronales leur est venue l’idée, après avoir programmé du Michael Jackson, du Francis Cabrel et du Vanessa Paradis plus tôt dans l’émission, d’envoyer une candidate sur la piste interpréter le bouleversant To build a home de The Cinematic Orchestra (dont la version originale est portée par la voix androgyne de Patrick Watson)

Candidate qui s’en est fort bien sortie au demeurant, délivrant aux ados de la ménagère de moins de 50 ans ce petit moment de grâce.

Pour la version d’origine, ça se passe ici :


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Philip Glass – Opening (album : Glassworks)

Bon point argentLors du concert de Locus Solus Orchestra dont fait partie Manu Delago à qui j’ai récemment consacré un article, on a pu entendre une version réarrangée de l’Opening de l’album Glassworks de Philip Glass (à moins que ce n’ait été de Closing, les deux titres partageant le même thème)

Les amateurs de la BO du film La leçon de piano seront en terrain connu avec ce titre, ce qui n’a rien de très étonnant, Philip Glass et Michael Nyman (le compositeur de la BO) étant plus ou moins issus du même courant musical : la musique minimaliste américaine.

Dans les deux cas, il s’agit d’une pièce pour piano à la rythmique simple et répétitive, sans réelle mélodie… et pourtant tellement émouvante.

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Alain Bashung – Je me dore (album: l’Imprudence)

Bon point orPour faire suite à l’article sur Zend Avesta dans lequel cet album était cité, voici un extrait de l’Imprudence d’Alain Bashung, album paru juste après le multi-récompensé Fantaisie militaire, et qui lui est de mon humble avis encore supérieur, ou à tout le moins plus audacieux. C’est l’album qui clôt la collaboration avec le parolier Jean Fauque, collaboration qui correspond, toujours à mon humble avis, à l’apogée de la carrière du chanteur : Jean Fauque est le co-auteur de la plupart des chansons d’Osez Joséphine, Chatterton, Fantaisie militaire, et l’Imprudence.

Difficile d’en choisir une chanson tant la première moitié de l’Imprudence enchaîne les titres de haut vol. Ce sera finalement Je me dore.

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Zend Avesta (Arnaud Rebotini) – One of these days

Bon point argentGodforsaken roads, second album du groupe Black Strobe, est sorti le 6 octobre. Black Strobe est un groupe au style hybride, qu’on pourrait qualifier d’électro-blues, et que je goûte avec modération. Disons que n’ayant pas du tout aimé leur premier album, j’ai néanmoins été agréablement surpris par le second qui, aussi intéressant qu’il soit dans sa manière de croiser les styles, ne reste pas forcément ma tasse de thé. Et si ce n’est pas du thé, mieux vaut consommer avec modération, nous dit le Ministère de la Santé. Alors pourquoi en parler? Car derrière Black Strobe se cache Arnaud Rebotini, et que cette actualité est un bon prétexte pour évoquer ce grand bonhomme (au sens propre comme au figuré) à la curiosité musicale insatiable. Outre Black Strobe, Arnaud Rebotini officie en son nom propre, sous lequel il livre d’intéressants morceaux électro enregistrés grâce à sa collection de synthés vinage, ainsi que sous le nom de Zend Avesta, pseudonyme sous lequel il a commis en 2000 un magistral (et malheureusement unique) album qui lui vaut mon estime éternelle : Organique.

Classé dans le rayon « musiques électroniques », Organique, comme son nom l’indique, n’est pourtant que très peu synthétique : pas d’ordinateur, beaucoup d’instruments classiques… C’est surtout un album très audacieux, à la frontière entre pop et musique contemporaine (John Adams, Steve Reich, Karlheinz Stockausen), et on ne voit guère que l’immense et regretté Alain Bashung, avec son album L’imprudence, pour avoir réalisé un tel mélange avec autant d’ambition et de réussite. Autre point commun entre ces deux albums : Bashung justement, qui apparait également sur Organique, posant sa voix sur le titre Mortel battement / Nocturne.

Il semble que la réalisation d’Organique ait été rendue très compliquée par le décalage entre l’ambition du projet et son budget, ce qui peut expliquer que l’expérience Zend Avesta en soit malheureusement restée là, interrompue à la faveur d’un retour aux musiques plus synthétiques (ou mâtinées de rock chez Black Strobe). Dans l’actualité musicale d’Arnaud Rebotini figure néanmoins la BO du film Eastern Boys, dans laquelle quelques titres renouent avec le style Zend Avesta : faut-il y voir une raison d’espérer? Arnaud, si tu nous lis…

En attendant ce très hypothétique retour du plus talentueux des alter-egos d’Arnaud Rebotini, écoutons One of these days, chanson extraite d’Organique sur laquelle l’ex-chanteuse de Gus Gus, Hafdis Huld, vient poser sa voix douce sur des arrangements qui ne sont pas sans rappeler des pièces de Steve Reich telles que Eight lines.

 

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Détroit (Bertrand Cantat & Pascal Humber) – Ange de désolation (+ critique album: Horizons)

Bon point argentÇa y est, il est sorti, le premier album post-Vilnius de Bertrand Cantat. Une décennie que les fans de Noir Désir l’attendaient. Et ils ne devraient pas être déçus : Cantat n’a rien perdu de son talent. Musicalement, Horizons est dans le prolongement de l’évolution de Noir Désir : leur dernier album studio, Des visages, des figures, marquait un tournant vers une musique plus posée et variée, moins rock pur et dur, qui se perpétue ici. On peut donc imaginer que cet album n’aurait pas été fondamentalement différent s’il avait été estampillé Noir Désir au lieu de Détroit. Quant aux mots, difficile de ne pas les mesurer à l’aune du parcours personnel tragique du chanteur. Deux chansons y font référence explicitement : Ange de désolation, qu’on ne peut pas ne pas voir comme une lettre à Marie Trintignant, et Horizon, qui fait allusion à son séjour en prison. A travers ces deux titres, Bertrand Cantat livre sa version. Si certains s’offusqueront sans doute qu’il ose évoquer son amour pour Marie Trintignant et la douleur de sa perte alors qu’il en est lui-même la cause, Ange de désolation n’en est pas moins une chanson bouleversante (au contraire)

Le retour de Bertrand Cantat à la vie (artistique) active est donc un retour gagnant, avec un album cohérent et réussi, où la voix et les textes de l’ex-leader de Noir Désir sont toujours aussi prenants. Seul bémol : la reprise finale d’Avec le temps de Ferré qui, si elle prend une résonance particulière dans ce contexte, s’avère un peu décevante en raison d’arrangements pas forcément très pertinents.

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The velvet underground – Venus in furs

Bon point orLa disparition de son chanteur Lou Reed est l’occasion de réécouter le génial Velvet underground, sans lequel le rock ne serait pas ce qu’il est: sans le Velvet, pas de Joy Division, pas de Sonic Youth, pas de My Bloody Valentine

Venus in furs est une chanson inspirée par le livre du même nom de Sacher-Masoch (La Vénus à la fourrure en français), livre fondateur du sado-masochisme dont une adaptation cinématographique signée Roman Polanski sort sur les écrans aujourd’hui même.

La chanson se trouve sur le premier album du Velvet Underground, le fameux « album à la banane » dont la pochette fut dessinée par le protecteur et producteur du groupe, Andy Warhol.

Si le Velvet n’a pas vraiment connu le succès pendant sa courte existence (en gros de 1967 à 1970), il est désormais considéré comme l’un des groupes les plus influents de l’histoire du rock. Une phrase attribuée au fameux producteur et musicien Brian Eno dit d’ailleurs : « Il n’y a peut être que 1000 personnes qui ont acheté le premier album du Velvet Underground, mais chacune d’entre elles a ensuite fondé un groupe. »

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PS : je voudrais au passage remercier l’agence publicitaire des pneus Dunlop, grâce à l’audace de laquelle j’ai découvert cette chanson et le Velvet au début des années 90 à travers un incroyable et très « lynchien » spot (j’ai d’ailleurs longtemps cru que cette pub avait été réalisée par David Lynch)

Noir Désir – A l’envers, à l’endroit (…et le retour de Bertrand Cantat)

Bon point argentD’un côté (à l’endroit), le leader du plus grand groupe de rock français de ces dernières décennies. De l’autre (à l’envers), un homme qui a battu à mort sa compagne. Seulement voilà, ces deux côtés constituent les deux facettes d’une seule et même personne.

La réapparition médiatique de Bertrand Cantat, qui prélude à la sortie de son nouvel album le 18 novembre*, ne manquera donc pas de faire polémique et de susciter les débats entre les tenants du « c’est un meurtrier, qu’il se cache » et ceux du « il a payé sa dette, il a le droit de retourner travailler comme tout le monde »; voire ceux (les fans hardcore) du « arrêtez d’embêter le Dieu Cantat avec ces broutilles, même les génies font des erreurs »

Ce blog étant consacré à la musique, il n’est pas le lieu pour débattre sur l’homme et la pertinence de son retour à la vie active.  En attendant de juger son futur album d’un point de vue purement musical, on se contentera donc d’écouter avec une pointe de nostalgie une chanson de la grande époque de Noir Désir : A l’envers, à l’endroit, tiré de Des visages, des figures (2001), qui fut le dernier album du groupe, il y a douze ans déjà…

*la sortie, initialement prévue le 25 novembre, a été avancée d’une semaine, le 25 novembre étant également la journée mondiale contre la violence faite aux femmes : un hasard de calendrier pour le moins malheureux…

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Cliff Martinez – First sleep (BO Solaris)

Bon point argentS’il est un film dont la musique participe fortement à l’atmosphère qui s’en dégage, c’est bien Solaris de Steven Soderbergh (2002). Remake réussi du grand classique d’Andrei Tarkovski (1972) que tout bon cinéphile se doit d’avoir vu, le Solaris de Soderbergh doit beaucoup à la BO de Cliff Martinez, ancien membre des Red Hot Chili Peppers (sa musique n’a plus rien à voir avec celle du groupe) et compositeur fétiche de Soderbergh. C’est d’ailleurs également ce qu’en pense Cliff Martinez lui-même, la considérant comme sa musique de film la plus réussie.

Si la BO de Solaris évoque beaucoup le son du hang drum, une percussion très intéressante inventée par une petite entreprise suisse dans les années 2000 (et dont je vous ferai écouter un de ces jours un morceau d’un virtuouse de l’instrument), il semblerait que Cliff Martinez ait en realité fait appel à un gamelan (orchestre balinais) pour l’interpréter. De ces percussions mélodiques, passées dans des delays et complétées d’un orchestre, il résulte une musique hypnotique, à l’image des héros du film sous l’emprise de la planète Solaris autour de laquelle ils gravitent, un musique à la fois ample comme l’espace qui les entoure et étouffante comme le vaisseau dans lequel ils sont confinés.

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Dead Can Dance – Yulunga

!!! Bonnes notes est centenaire !!!

Pour célébrer la parution du 100e article de ce blog, j’ai choisi la musique d’un groupe qui m’est cher, illustré par des images magnifiques et vice-versa.

Bon point orD’un côté, Dead Can Dance (site officiel), groupe phare de la scène indépendante des années 80-90 hébergé sur le label anglais 4AD (label dont je parle fréquemment ces temps-ci – site officiel). Dead Can Dance est une formation inclassable : partis d’un genre de darkwave déjà peu académique puisque faisant notamment appel, en plus des traditionnelles guitare/batterie, à un instrument chinois à cordes frappées (le yang chin, version asiatique du cymbalum d’Europe de l’Est), Lisa Gerrard et Brendan Perry y ont progressivement incorporé des influences très diverses : musique mystique, médiévale, orientale, africaine, grecque… Le tout porté par la voix de Lisa Gerrard, une des plus grandes chanteuses actuelles,

De l’autre, Ron Fricke, réalisateur de Baraka (1992), somptueux film à la limite du documentaire constitué d’un assemblage de musiques et d’images tournées aux quatre coins de la planète (si tant est qu’une sphère ait des coins…), film sans personnages ni histoire, mais qui raconte le monde en abordant de nombreux thèmes (la religion, la misère, l’urbanisation…)

Au début des années 90, Dead Can Dance et Ron Fricke procédèrent à un échange de bon procédés : Lisa Gerrard et Brendan Perry fournirent à Ron Fricke des titres de Dead Can Dance pour accompagner les images de son film, en échange de quoi Ron Fricke leur fournit des images de Baraka pour réaliser le clip d’une de leurs chansons, Yulunga (paradoxalement, une chanson qui ne figure pas dans la BO du film)

Le résultat : des images envoûtantes sur une musique envoûtante. A regarder en plein écran et à écouter au casque…


PS: Ron Fricke a récidivé en 2011 avec un deuxième film dans le même esprit, intitulé Samsara. De son côté, Dead Can Dance, après 16 ans de silence, a sorti en 2012 un album intitulé Anastasis.

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The Organ – Brother

Bon point orIl y a quelques temps je vous faisais écouter Austra. La première fois que j’ai entendu Austra, j’avais été troublé par la ressemblance de cette voix si particulière avec celle de la chanteuse d’un défunt groupe nommé The Organ, au point d’aller vérifier qu’Austra n’était pas le nouveau projet de l’ex-chanteuse de ce groupe, auteur d’un unique album (intitulé Grab that gun) en 2005 avant de se séparer. Si au départ les profils des chanteuses des deux groupes semblaient converger en raison de points communs en -ienne (elles sont toutes deux canadiennes et lesbiennes), il s’avéra finalement qu’il s’agissait bien de deux personnes distinctes… Nous sommes donc totalement sans nouvelles de The Organ, dont on écoutera donc cet excellent titre… à titre posthume.

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Fauve – Blizzard

Bon point argentComme promis, voici Blizzard, titre éponyme du premier EP de Fauve. C’est toujours cru, c’est toujours rageur, c’est toujours bien…

Je vous conseille d’écouter plutôt sur Deezer, sauf si vous avez 8 minutes 28 secondes devant vous pour visionner la version longue (en vidéo) qui est un peu… longue.

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