Sorti plus ou moins de nulle part en 2011, le premier album de James Blake ne ressemblait à rien de connu dans le rayon musiques électroniques au sein duquel on trouvait son CD(*), un disque très novateur qu’on eut tôt fait de qualifier de post-dubstep. Je vous laisse vous référer à la page Wikipedia afférente pour vous informer sur ce qu’est le post-dubstep : l’article en question définit déjà le dubstep « de base » comme « une des mutations du UK Garage et du 2-step (…qui…), comme le grime, autre mutation du garage, s’est développé sur la base d’atmosphères urbaines et futuristes et de rythmes à un tempo proche de 140 bpm. (…) Hormis les influences directes du 2-step, on y retrouve des éléments issus de la jungle et de la drum & bass, du dub, de l’electronica, et de la techno.« , donc je ne vous dis pas pour le post-dubstep…
La musique de James Blake est certes de la musique électronique, mais surtout il y a cette belle voix androgyne que le jeune homme pose dessus… Aussi créative soit-elle musicalement, Björk ne serait pas Björk sans sa voix si caractéristique. Il en va de même pour James Blake : un style ET une voix. Après un premier album tout-à-fait intéressant, même si pas toujours très facile d’accès, est donc sorti récemment sa deuxième livraison, intitulée Overgrown, dans laquelle James Blake a la bonne idée de moins trafiquer sa voix que sur le premier album, laissant mieux apprécier sa beauté nue.
Retrograde est le titre que j’ai choisi de vous faire écouter.
(*) les CD étaient des objets que l’on achetait et sur lesquels se trouvaient de la musique non compressée, mais je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, où il y avait des magasins Virgin et où la Fnac était une enseigne culturelle qui ne vendait pas de cafetières.
Je faisais référence à PJ Harvey dans mon article précédent sur Laetitia Shériff, alors parlons-en : PJ Harvey est, à fort juste titre, une des principales égéries du rock indépendant depuis deux décennies. Si elle s’est assagie dans ses récents albums (le dernier datant de 2011), ses premières oeuvres libéraient une énergie rock assez brute et âpre.
Extrait de son premier album « Dry » (1992), le titre « Plants and rags » détonne* du reste de l’album : la batterie a laissé la place à un violoncelle, mais l’esprit rock est toujours bel et bien là.
* eh oui**, on dit « détonne », et non pas « dénote » (qui est souvent employé à sa place), et encore moins « détone » (qui fait référence à une explosion)
** eh oui, on dit « eh oui », et non pas « et oui »
Voilà, c’était ma minute « défense de la langue française contre des fautes tellement fréquentes qu’elles vont finir par ne plus en être »...
Le premier EP de Fauve est sorti hier. Évacuons tout de suite la question de la qualité de la production : oui, c’est un peu cheap, on sait dès les premières secondes qu’on n’est pas en train d’écouter un album de Madonna… Mais c’est reconnu et assumé par Fauve : ils sont encore un peu amateurs. On aurait probablement préféré que le son soit un peu meilleur, mais ce n’est pas ce qui fait l’intérêt du collectif. Et puis, si l’on jugeait un artiste qui démarre à la qualité du son de son premier album, La Fossette n’aurait jamais passé la porte de la chambre de Dominique A dans laquelle il a été enregistré, et c’eut été bien dommage. On pourrait aussi trouver à redire sur la variété limitée des musiques, mais là encore ce n’est pas l’intérêt principal de Fauve, et certaines fonctionnent très bien, comme celle de Nuits Fauves.
Là où ma tâche se complique, c’est que sur les six titres que comportent l’EP, il y en a un que j’ai déjà posté précédemment (Kané), et surtout il y en a trois autres qui méritent amplement un article… On va donc continuer pour cette fois avec Nuits Fauves, un autre morceau posté sur le net sous forme de vidéo bien avant la sortie de leur EP…
Si vous vous demandez quelle est la musique qui habille la pub du moment pour la Renault Captur, ou si vous vous êtes demandés l’année dernière quelle était la musique qui habillait le générique de l’Euro ou la pub pour le Samsung Galaxy Tab 2, une seule et même réponse : Midnight City, de M83.
Duo antibois* à l’origine fondé en 1999, désormais réduit à un seul membre, M83 (du nom d’une galaxie) est longtemps resté un groupe assez confidentiel en France, alors qu’il bénéficie d’une renommée bien établie outre-atlantique. J’en veux pour preuve qu’il lui a été confié la BO du blockbuster américain Oblivion (avec Tom Cruise) qui vient de sortir sur les écrans.
Un peu comme Woodkid, on peut soit trouver M83 soit superbe, soit d’une vacuité pompeuse (version grosses nappes de synthé, au lieu des cuivres chez Woodkid), mais force est de constater que ce titre est très efficace. On lui reprochera juste le solo de saxo à la fin, exercice considéré d’un goût douteux depuis le milieu des années 80.
*ce qui signifie « originaire d’Antibes », et non pas « militant pro-déforestation »
Comme Depeche Mode il y a quelques semaines de cela, Higelin nous livre l’album que l’on n’attendait plus. Moins inspiré pendant une période, le troubadour échevelé renoue à 72 ans avec ses meilleures années, récoltant au passage un ffff de Télérama pour son Beau repaire. Se rapprochant de la fin de sa vie, il y aborde sereinement le passage dans l’au-delà, dans cette très belle Balade au bord de l’eau qui ouvre l’album.
En voilà une bonne nouvelle… Vingt ans que le fan de Depeche Mode que je fus dans les années 80 attendait un digne successeur aux albums de la grande époque : les Black Celebration, Music for the masses, Violator, Songs of faith and devotion… On avait fini par cesser d’y croire, par se dire que l’ère du Depeche Mode créatif et inspiré était révolue à jamais, même si leur précédent opus Sounds of the universe, sans être totalement transcendant, les avait remis sur la pente ascendante, avec notamment l’imparable single Wrong. Et puis vient ce nouvel album, Delta Machine, dans lequel on retrouve un Depeche Mode au meilleur de sa forme. Le son est peut-être moins novateur qu’a l’époque de Black Celebration, où Martin Gore samplait le bruit d’une masse sur un bloc de pierre ou celui d’un objet cliquetant contre les rayons d’une roue de vélo (Blasphemous rumours), mais il garde une vraie identité. Et surtout, l’inspiration et la qualité des compositions sont de retour.
C’est le titre Broken que j’ai choisi comme extrait de ce nouvel album.
Il y a tout juste quatre ans s’éteignait Alain Bashung… Nous le retrouvons ici avec un titre de son album Fantaisie militaire, paru en 1998 et récompensé de 3 Victoires de la musique à sa sortie (Meilleur album, Artiste interprète… et Meilleur clip pour La nuit je mens) puis sacré Meilleur album de ces 20 dernières années en 2005 par ces mêmes Victoires.
Pour l’anecdote et pour coller à l’actualité télévisuelle récente, La nuit je mens est la chanson préférée de la jeune candidate de la Nouvelle Star 2013 Sophie-Tith qui, après avoir tanné la production depuis le début de l’émission, a fini par obtenir de l’interpréter (de manière assez convaincante, du haut de ses 16 ans) lors de la finale… Ce qui lui a réussi puisqu’elle a remporté haut la main le télé-crochet de D8.
Bachar Mar-Khalifé est le fils de Marcel Khalifé, « compositeur-interprète libanais internationalement reconnu » (sauf de moi…), et frère de Rami Khalifé, également pianiste de jazz et membre de l’intéressant trio Aufgang (en gros, de l’électro jouée sur deux pianos à queue et une batterie), internationalement peu connu (sauf de moi, qui les ai déjà vu deux fois en concert).
Il vient de sortir Who’s Gonna Get the Ball from Behind the Wall of the Garden Today?, album métissé qui fait suite à Oil Slick, et dans lequel on retrouve une version solo de Distance, titre originellement paru dans Oil Slick (2010). C’est la version originale que nous écouterons aujourd’hui.
Julia Lanoë est championne du monde du grand écart stylistique : elle fait en effet partie de deux groupes aux univers radicalement différents. D’un côté, Mansfield Tya, duo acoustico-mélancolique avec la violoniste Carla Pallone, et de l’autre Sexy Sushi, duo techno-punk (on appelle aussi ça de l’electro-clash) avec David Grellier. On est à la limite du dédoublement de personnalité :
Julia Lanoë avec Mansfield Tya
Julia Lanoë avec Sexy Sushi
On ne s’attardera sur la facette Sexy Sushi que le temps de dire qu’une des chansons phares du groupe s’intitule « Meurs, meurs, Jean-Pierre Pernault ». Quant à Mansfield Tya, touchant duo nantais aux arrangements minimalistes, il mérite grandement d’être découvert. Je m’y emploie donc en partageant ce titre extrait de leur second album « Seule au bout de 23 secondes » (2009), intitulé « Je ne rêve plus »
J’ai déjà parlé de Steve Reich précédemment dans des posts consacrés à d’autres artistes (Yann Tiersen -dont il est une influence-, Moondog -qu’il a soutenu-), il est maintenant temps de lui consacrer un article…
Il était une fois la musique contemporaine… Au début du siècle dernier, des compositeurs (dont une forte concentration à Darmstadt en Allemagne) vont au bout d’une évolution de la musique savante occidentale consistant à utiliser des harmonies de plus en plus complexes (dissonantes, pourrait-on dire pour faire simple). Il en arrivent donc à instaurer un égalitarisme total dans la théorie de la musique : toutes les notes de la gamme doivent être utilisées aussi souvent les unes que les autres, abolissant de fait la notion de tonalité (do majeur, sol mineur, etc). La musique sérielle est née, point de départ de la musique dite « atonale », musique censée être en avance sur son temps, mais qui, plus d’un siècle après son invention, peine toujours à trouver un large public en dehors des BO de thrillers et de films d’épouvante. Elle est donc soit très en avance sur son temps, soit inaudible… Après les notes, on instaure des règles de compositions de plus en plus strictes, en sérialisant également les durées et les intensités, pour aboutir à un résultat paradoxal : trop de règles tuent les règles, elles produisent une musique qui ressemble à un grand fouillis aléatoire.
Bref, cette musique issue de la vieille Europe, toujours plus formalisée, aboutit plus ou moins à une impasse (je recommande à ce sujet le livre Requiem pour une avant-garde, de Benoit Duteurtre), conduisant des compositeurs outre-atlantique à prendre le contre-pied de cette démarche : Terry Riley, puis Steve Reich et Philip Glass réaffirment plus fortement que jamais la prééminence de certaines notes par rapport à d’autres ainsi que l’importance des repères rythmiques en inventant la musique répétitive (ou musique minimaliste). Aux antipodes des Schoenberg, Boulez, Messiaen, Xenakis et consorts, ils créent des musiques à partir de motifs extrêmement simples qu’ils déclinent à l’infini par une suite de micro-variations : alors que les sérialistes et leurs héritiers veulent utiliser toutes les notes à la fois, abolir toute pulsation rythmique régulière, Steve Reich et les minimalistes étudient les musiques extra-européennes (musiques de transe africaines, musique de gamelan balinais), et s’échinent à produire une musique utilisant très peu de notes et des motifs extrêmement simples et réguliers.
Leur premières tentatives, dans les années 60 (comme par exemple Piano Phase, de Reich, Music with changing parts, de Glass) sont assez jusqu’au-boutistes et peuvent être un peu trop ardues pour s’initier à ce genre de musique. J’ai donc choisi une œuvre plus accessible de Steve Reich (mon préféré des compositeurs minimalistes), qui s’avère également être une de mes préférées et que j’ai eu la chance de voir interprétée par Steve Reich en personne à la Cité de la Musique. Cette pièce en 14 parties, qui dure une petite heure au total, est particulièrement aboutie en ce qui concerne la superposition et la transformation progressive de motifs simples. Le travail sur le timbre y est aussi intéressant : en superposant divers instruments acoustiques, Reich produit des timbres dont on ne reconnait plus vraiment l’origine. Les premières et dernières parties, toutes deux intitulées Pulses, sont particulièrement fascinantes.
Alors oui, c’est répétitif, mais c’est le principe même de cette musique, qui n’est peut-être pas ancrée dans la culture occidentale (du moins avant l’arrivée de la techno…) mais donc la structure est très proche des musiques traditionnelles d’autres régions du monde. Comme avec les musiques de transe, il faut se laisser porter, je dirais presque hypnotiser, par cette répétition (ou plutôt cette pseudo-répétition, car le morceau évolue en permanence). Cette musique s’écoute peut-être d’une autre manière que du Céline Dion (qui ne s’écoute pas du tout, en fait c’est un mauvais exemple), mais si l’on est capable de s’ouvrir à elle, de prendre le temps de la découvrir sans zapper au bout de deux minutes en disant « pfff, c’est toujours la même chose », elle ouvre de nouveaux horizons musicaux…
En résumé : au petit jeu des disques à emporter sur une île déserte, Music for 18 musicians se trouverait certainement dans ma valise…
Version interprétée par le Steve Reich Ensemble en 2008 à l’opéra de Tokyo (Steve Reich, c’est le gars avec la casquette…)
Une autre version interprétée par un autre ensemble, mais avec une video de meilleure qualité
Plus d’information au sujet de cette oeuvre sur Wikipedia
J’ai déjà parlé de Neil Hannon, le cerveau de The Divine Comedy… Après quelques albums salués par la critique (Liberation, Promenade…), l’anglais était progressivement tombé dans une surenchère aux orchestrations pompeuses, oubliant parfois au passage d’écrire de bonnes chansons. La prise de conscience de cette dérive le conduisit à livrer en 2001 un très bel album justement intitulé Regeneration, laissant de coté la grandiloquence passée pour revenir à une écriture plus dépouillée. « Timestretched » est le premier titre de cet album, l’entrée en matière de ce retour aux fondamentaux…
Décidément, Damien Saez n’arrête pas… Il nous avait déjà fait le coup du triple album en 2008 avec Varsovie – L’Alhambra – Paris dont l’album Paris, également vendu séparément, recélait plus d’une chanson du genre qui prend aux tripes. Après quelques autres productions sorties dans l’intervalle, Saez a remis ça en septembre dernier avec un nouveau triple opus: Messina, et ce n’est pas fini, puisqu’il annonce encore un autre album pour décembre…
D’aucuns pourront objecter son timbre un peu nasillard, ou ses révoltes parfois adolescentes, mais quand même, il y a un talent certain chez ce garçon. Ce n’est pas William Sheller qui me contredira, lui qui a aidé Damien Saez à trouver un label lorsque celui-ci débutait.
Difficile de choisir un titre du triple album Les échoués – Sur les quais – Messine que constitue Messina… C’est bon, mais aussi varié : alors que le rock domine dans « Sur les quais », « Messine » repose sur un orchestre symphonique. Trois albums, trois styles… Mais comme il faut bien choisir, j’ai fini par retenir le titre qui clôture le triple album, « Châtillon sur Seine », une sorte de « Mistral gagnant » en version Léo Ferré, dont j’ai découvert a posteriori que c’était également le préféré de Saez lui-même comme il l’expliquait dans une interview sur France Inter.
Si cela vous a plu, mais qu’un triple album c’est long, je vous recommande en vrac les chansons « A nos amours », « Les fils d’Artaud », « Ma petite couturière » ou encore « Les meurtrières »…
The Cinematic Orchestra a sorti un nouvel album et, comme d’habitude, on y trouve de très bonnes choses. Créé en 1999 par un Jason Swinscoe fasciné par les musiques de film (comme en témoigne le nom de son groupe), The Cinematic Orchestra se situe à la croisée des chemins entre jazz, musiques électroniques et B.O. de films. DJ à l’origine, et employé du label Ninja Tune (un des labels de musique électronique les plus intéressants avec Warp), Swinscoe a réalisé son premier album « Motion » en enregistrant des « jam sessions » de musiciens de jazz, puis en découpant, assemblant et mixant des phrases musicales extraites de ces sessions. Le résultat est là, et un extrait de cet album aux sonorités jazz down-tempo trouvera un jour sa place sur ce blog. Après quelques autres parutions, le groupe revient avec « In motion #1 », album acoustique voire orchestral à l’atmosphère plus cinématographique que jamais, composé de plages d’une dizaine de minutes chacune. La première s’intitule « Necrology ».
Cela fait déjà plus de trente ans que l’hirsute et maquillé Robert Smith a fait son apparition sur la scène musicale. Si la décennie de gloire de The Cure est celle des années 80, le désormais quinquagénaire continue de produire des albums à une cadence plus ou moins régulière, et fait toujours le plein dans les festivals et les concerts où l’attend un public fidèle… Le look est à peu près le même qu’en 1979, et les prestations live tiennent encore leurs promesses, comme The Cure l’a montré l’été dernier lors de son passage remarqué aux Vieilles Charrues. Evidemment, le groupe a laissé depuis longtemps le devant de la scène médiatique à de plus jeunes talents, mais il suffit de se replonger dans sa discographie pour se convaincre que l’on n’a pas aimé The Cure juste parce qu’on était jeune et sans discernement à l’époque, ni qu’on en garde un souvenir ému parce que sa musique nous renvoie à nos 20 ans, mais tout simplement parce que Robert Smith est un grand songwriter… et Disintegration (1989) un de ses meilleurs albums, dont nous allons de ce pas écouter le titre introductif.
Troisième sortie du moment : le nouvel Archive est dans les bacs. C’est pour moi l’occasion de commencer à écouler mon stock de titres d’Archive. Groupe créé à l’origine par deux « requins de studio » (musiciens aguerris gagnant leur vie en écumant les sessions d’enregistrement), il faut bien dire que les deux lascars connaissent les ficelles du métier. Arrangements pertinents, production léchée, Archive nous livre régulièrement des titres d’une efficacité redoutable.
Au cours de sa carrière, le groupe s’est aventuré dans divers styles musicaux avec plus ou moins de réussite, changeant de chanteurs/chanteuses au fil des albums. Avant ce nouvel opus intitulé « With us until you’re dead », que l’on peut voir comme un genre de synthèse des différents styles explorés par le groupe, Archive avait livré un double album en deux temps : « Controlling Crowds » suivi d’un « Controlling Crowds (Part IV) », qui marquait un retour vers le style plus électronique / trip-hop du premier album, registre dans lequel ils excellent particulièrement. Faute d’un titre aussi réussi dans le nouvel album (qui est loin d’être mauvais pour autant), c’est le titre éponyme de l’album « Controlling Crowds » sorti en 2009 que nous allons écouter. Le morceau dure plus de 10 minutes, mais on n’a pas le temps de s’y ennuyer : Archive, qui est relativement coutumier du fait, maîtrise l’art de développer un thème musical.
Les Red House Painters furent un des groupes de l’écurie 4AD déjà évoquée dans le post précédent. Projet du californien Mark Kozelek, celui-ci officie désormais sous le nom de Sun Kil Moon, mais si le nom a changé, le style musical reste le même : de délicieuses ballades acoustiques, s’étirant parfois sur 6 ou 7 minutes, et portées par la voix apaisante de Mark Kozelek.
En cette saison estivale, c’est le titre Summer dress que j’ai choisi, extrait du très bel album Ocean Beach, publié en 1995 chez 4AD.
Dans trois jours sortira le nouvel album de Dead Can Dance, seize ans après leur précédent album studio (le groupe s’est séparé en 1998, avant de se reformer pour une tournée en 2005 puis de nouveau en 2011). Dead Can Dance, que j’ai plus écouté qu’aucun autre groupe au début des années 90, fut l’un des fers de lance du label 4AD, label qui fut lui-même été l’un des fers de lance de la musique indépendante de cette époque, et dont j’ai plus écouté les productions qu’aucun autre label…
La musique de Dead Can Dance, groupe atypique composé de Brendan Perry et Lisa Gerrard, est difficilement classable : après des débuts vaguement rock (mais ne ressemblant néanmoins pas à quoi que ce soit de connu), Dead Can Dance fait place à des instrumentations plus classiques, s’embarquant progressivement vers une musique mystico-baroque. Le duo finira sa (première) carrière par un virage vers des influences plus world (Brendan Perry étant un passionné de percussions ethniques).
Le groupe fait l’objet d’un véritable culte par certains de ses fans : il suffit de se rendre à un de ses concerts (généralement complets des mois à l’avance, c’est encore le cas de cette tournée 2012…) pour s’en rendre compte. Outre la beauté de sa musique, cela est probablement aussi alimenté par le côté mystique de sa chanteuse, qui considère le fait de transmettre de l’émotion à travers sa voix comme une sorte de mission divine… Les deux membres du groupe se partagent le micro, mais si Brendan Perry chante en anglais, Lisa Gerrard s’exprime dans une langue imaginaire.
En attendant le nouvel album, nous écouterons aujourd’hui le titre Summoning of the muse, extrait du troisième album de Dead Can Dance Within the realm of a dying sun (1987) chanté par Lisa Gerrard.
En attendant l’album solo de Bertrand Cantat, annoncé pour 2013, revenons sur son ex-groupe Noir Désir et, une fois n’est pas coutume, écoutons un tube.
Tostaky, c’est un peu le Smell like teen spiritfrançais : sorti un an après le mégatube planétaire de Nirvana, il partage avec celui-ci une énergie rock à l’efficacité implacable et, un riff de guitare introductif reconnaissable entre mille.
Plus globalement, Noir Désir est souvent cité aux côtés de Téléphone comme l’un des plus grands groupe de l’histoire du rock français (bien qu’à l’écoute de Téléphone… je décroche rapidement… en ce qui me concerne). Peu de groupes français ont effectivement su cumuler rock puissant, textes travaillés et chant habité. C’était le cas de Noir Désir, victime collatérale d’un drame qui se joua une nuit d’août 2003 à Vilnius.
Penchons-nous aujourd’hui sur le cas de Gonzales (ou Chilly Gonzales), de son vrai nom Jason Beck, « Génie musical » autoproclamé. Si vous ne connaissez pas forcément son nom, vous connaissez probablement une de ses musiques du fait de son utilisation par Apple dans une publicité pour l’iPad, dont il parle dans cette vidéo (vers 6’30 »). Pianiste canadien de formation classique, inclassable et touche-à-tout, il a démarré sa carrière dans un style putôt rap, puis a vu sa notoriété grandir suite à la sortie de son album « Solo piano » (2004), dont le style rappelle les compositions d’Erik Satie. Ses sorties récentes sont les albums Ivory Tower, mélange piano/electro dont est extrait la musique de la pub Apple, et « The Unspeakable Chilly Gonzales » probablement seul représentant du style « rap symphonique ».
Personnage fantasque, qui fait ses concerts en robe de chambre et pantoufles, il détient également le record du monde du plus long concert, avec une performance au piano de 27 heures 03 minutes et 44 secondes à Paris en 2009. Il est également un producteur/arrangeur prisé (Feist, Jane Birkin, Philippe Katerine, Arielle Dombasle, Christophe Willem, Abd Al Malik…)
Petite interview du personnage (où Sébastien Tellier en prend un peu pour son grade au passage)
Et comme l’objet de ce blog est d’écouter de la musique, ce sera donc aujourd’hui un extrait de l’album « Ivory tower » (2010) intitulé « Crying »… en attendant de revenir sur le cas de Gonzales, dont la palette musicale ne peut se résumer en un seul titre. Ecouter sur Deezer | Ecouter sur Grooveshark
Mano Solo aurait eu 49 ans aujourd’hui si le sida n’avait pas fini par avoir raison de lui en 2010. Avertissement : si vous vous êtes levé(e) d’humeur morose ce matin et que vous avez envie d’écouter un titre qui vous redonne la pêche, ce n’est peut-être pas le moment le plus propice pour écouter cet écorché vif, dont les textes évoquaient plus souvent la mort qui le guettait que des petits bonhommes en mousse faisant tourner des serviettes… Bref, vous êtes prévenu(e) : quand il introduit « Dis-moi » (extrait de son deuxième album « Les années sombres ») comme « une chanson d’amour un peu triste » lors de son concert au Bataclan en 1995, le « un peu » est un euphémisme, et on peut ajouter « absolument bouleversante ».