Björk – Fossora

Quelle délicate attention de la part de Björk que de sortir son nouvel album Fossora le jour de mon anniversaire… Et quel album! On dérogera donc exceptionnellement (enfin, pas tant que ça) à la règle implicite de ce site qui veut qu’un article traite d’un morceau, tant il serait réducteur d’en isoler un pour représenter le tout : il faut écouter Fossora en entier pour en prendre toute la mesure. Comme Björk nous y a habitués depuis un certain temps, il ne faut pas s’attendre à trouver des titres tubesques dont on retient le refrain à la première écoute : c’est foisonnant d’expérimentation et de créativité. L’unité de l’album se fait néanmoins autour d’une thématique, comme souvent depuis quelques années chez Björk (ici : les champignons…), et sur une instrumentation : la présence marquée d’un instrument parfaitement inhabituel dans la pop électronique (si on peut ranger Björk dans un genre musical), à savoir la clarinette basse, supportée par d’autres instruments classiques (violon, flûte…) qui viennent se mêler aux sons électroniques et aux harmonies vocales. Le tout oscille entre choeurs mélancoliques, beats techno, cordes classiques plaintives et musique contemporaine atonale, formant néanmoins un tout cohérent. Un album audacieux, réussi, et très certainement une des sorties les plus marquantes de cette rentrée 2022.

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Caterina Barbieri – Fantas

Résumé de l’article précédent : la française Hélène Vogelsinger a un nom à consonnance germanique qui la prédestinait à la musique (« oiseau chanteur ») et trifouille des synthés analogiques modulaires.

Une trifouilleuse de synthés analogiques modulaires en appelant une autre, voici Caterina Barbieri, qui a un nom à consonnance italienne (en même temps, elle l’est) qui la prédestinait à un BEP coiffure, et qui vit à Berlin, où tout le monde sait que Vogelsinger signifie « oiseau chanteur ».

Caterina Barbieri est-elle amatrice de boissons gazeuses à l’arôme approximatif d’agrumes? Toujours est-il qu’une de ses compositions s’intitule Fantas.

Hélène Vogelsinger – Reminiscence / Ceremony

Hélène Vogelsinger a un nom qui signifie « oiseau chanteur » si j’en crois mes souvenirs d’allemand du lycée. Mais elle est française.

Hélène Vogelsinger n’est pas extrêmement célèbre : par exemple, le nombre de ses fans sur Deezer s’élève à 0.01% du nombre de ceux de Stromae.

Hélène Vogelsinger aime brancher les câbles et triturer les boutons des synthés analogiques modulaires.

Hélène Vogelsinger aime le faire dans des lieux normalement privés d’électricité : bâtiment abandonné, forêt…

Hélène Vogelsinger fait des EPs (6 titres) qui sont parfois longs comme des LPs (48 minutes)

Hélène Vogelsinger nous enveloppe de ses textures vocales et des ses entrelacs d’arpèges, et nous emmène au loin…

Christian Löffler – Live at Barbican

Le musicien allemand Christian Löffler produit depuis une décennie une musique électronique plus posée et introspective que dancefloor. Les amateurs de Bonobo, Pantha du Prince ou Rone devraient apprécier les compositions peut-être un brin plus mélancoliques de cet artiste également peintre et photographe.

La sortie de cette vidéo d’un live à Londres est l’occasion de donner un aperçu de sa musique.

Depeche Mode – Leave in silence

Après Tears for fears, c’est au tour d’un autre groupe encore plus emblématique de la synth pop des années 80 de revenir dans l’actualité, mais pour une raison plus funeste : la disparition d’Andy Fletcher. Si sa contribution à l’oeuvre de Depeche Mode aura été relativement insignifiante (ni auteur ni compositeur et assez piètre musicien), c’est par ses qualités de manager qu’il aura contribué, discrètement, au succès du groupe. Il est parti le 26 mai 2022.

Dans la discographie du groupe, la chanson « Leave in silence » semble avoir le titre le plus approprié pour honorer sa mémoire. Single pas des plus connus issu de leur second album, qui fut un disque de transition entre le départ de Vince Clarke et de ses compositions synthpop guillerettes (« Just can’t get enough ») et l’intégration d’Alan Wilder et de ses sonorités plus industrielles (« People are people », « Blasphemous rumors »…), « Leave in silence » est au milieu du gué : les sons restent encore un peu ceux de Vince Clarke, alors que la tonalité du morceau a déjà commencé à prendre le tour plus mélancolique des compositions de Martin Gore… même si le ridicule de l’abominable clip accompagnant la chanson donne envie de hurler de rire.

On s’abstiendra néanmoins de s’en gausser en de telles circonstances : un peu de respect pour le défunt, que diable…

Alice Glass – The Hunted

C’était il y a 10 ans déjà, presque jour pour jour, qu’on avait parlé sur ces pages de Crystal Castles, groupe canadien electropunk (faute d’un meilleur terme, et au moins par le look de sa chanteuse) au son immédiatement reconnaissable. Après avoir été saisi par les deux premiers albums de la formation, on avait un peu perdu de vue le duo formé par Ethan Kath et Alice Glass. Et pour cause : après un troisième album qui n’apportait pas de grande nouveauté, les deux protagonistes s’étaient eux-mêmes perdus de vue, Alice Glass s’étant retirée du projet. Après l’avoir rapidement remplacée par une autre chanteuse (changement à peine audible tant un des marqueurs du groupe est de déformer la voix à outrance), Kath avait continué d’exploiter le nom Crystal Castles le temps d’un quatrième album Amnesty, avant de disparaitre subitement du paysage. La raison : des accusations d’abus sexuel, physique et psychologique portées contre lui par Glass et qui auraient duré depuis leur rencontre (alors qu’elle avait 15 ans et lui 25) jusqu’à son départ du groupe, justement présenté comme un moyen de s’y soustraire.

La sortie d’un album solo d’Alice Glass est donc une surprise inespérée émanant d’un passé qu’on croyait révolu.

A quoi ressemble la musique d’Alice Glass lorsqu’elle en fait seule? A du Crystal Castles en un peu plus soft. Si on y retrouve l’ADN musical de son ancienne formation, une partie des titres sont moins jusqu’au boutistes. Les arrangements sont moins torturés, la voix moins traitée, donnant un tout presque plus pop, toutes proportions gardées.

L’album est intitulé Prey // IV. Sachant que les 3 albums auxquels elle a participé au sein de Crystal Castles s’appelaient Crystal Castles, II, et III, difficile de ne pas interpréter le titre de son album solo comme une référence à sa vie antérieure (personnelle et musicale) et une revendication de représenter la continuité du projet après l’explosion du duo, tout en en rappelant la cause.

Et force est de constater qu’avec sa voix saturée et ses riffs de synthé old school, un titre comme The hunted nous rappelle le bon vieux temps des titres puissants du Crystal Castles d’il y a 10 ans. On en redemande.

Sevdaliza – Raving dahlia

Étonnant personnage que Sevdaliza, tout en contrastes. Néerlandaise et iranienne, sportive et polyglotte de haut niveau (ancienne internationale de basket parlant couramment 5 langues), parcours universitaire (titulaire d’un master) et chanteuse/autrice/compositrice/productrice/réalisatrice autodidacte, physique à la fois masculin (grande, sourcils épais, nez saillant, mâchoire carrée) jouant parfois l’hyper-féminité (voix suave, chevelure jusqu’aux hanches, robes sexy et talons hauts -cf concert en bas de l’article-) tout en ayant une propension à maltraiter son apparence dans ses clips (androïde bardée de tubes dans le… tubesque Everything is everything,

femme-jument dans Human…),

et sur ses pochettes d’albums (œil au beurre noir sur la pochette de Shabrang, avatar exagérément retouché selon les canons des bimbos de télé-réalité sur celle de Raving dahlia)

Raving dahlia, justement : après deux albums et quelques EPs, Sevdaliza revient ce nouvel EP qui compte 6 titres. Musicalement, on cherchera les influences de cette diva tendance électro-pop du côté du Bristol des années 90 (Portishead, Massive Attack…) mais aussi de James Blake, voire de Björk… voire de plein d’autres selon les chansons.

Car s’il est une rare chose qu’on puisse reprocher à Sevdaliza, c’est peut-être un manque de style personnel sur le plan musical (l’artiste elle-même ne manque certainement pas de personnalité). Dans ce nouvel EP, System fait irrémédiablement penser au Teardrop de Massive Attack (le générique de Dr House), High alone n’est pas sans rappeler la dream pop des trop méconnus Daughter, Everything is everything utilise des recettes de la pop mainstream, se laissant aller à quelques vocalises autotunées sur fond de beats électroniques et montées de synthés, The great hope design est à l’inverse expérimental au possible, à l’image des productions les plus barrées de Björk, Human flow nous propose un genre de folk éthéré, le tout se clôturant par un remix épique et déjanté d’un titre issu de son second album Shabrang : l’entêtant Oh my god (ci-dessous dans sa version originale)

Abstraction faite de cette hétérogénéité, force est de constater que les titres sont toujours bien faits, le timbre est soyeux et la voix maîtrisée, les arrangements parfois audacieux (parfois moins) tout comme le sont les clips, nombreux et aux univers variés et très travaillés.

Finalement, c’est peut-être ça le style de Sevdaliza : être un peu tout et son contraire. Un riche et beau mélange au final.

A regarder également: le concert de Sevdaliza au Musée des Arts et Métiers capté par l’indispensable chaine Arte Concert.

Grimes – You’ll miss me when I’m not around

Assumons d’emblée le fait que la motivation première de ce post soit de relayer un potin mondain datant du printemps dernier et qui m’avait échappé. On se doutait bien qu’Elon Musk, le patron de SpaceX et Tesla intronisé hier « homme le plus riche du monde » aux dépends du patron d’Amazon, était plus « fantasque » (pour reprendre l’euphémise généralement accolé à son nom dans les médias) que Jeff Bezos, Tim Cook et Bill Gates réunis. Voire que Vincent Bolloré tout seul, c’est dire.

Impression confirmée par l’identité de sa compagne actuelle, qui n’est autre que Claire Boucher, alias Grimes, autrice/compositrice/chanteuse canadienne pour le moins barrée (cf l’article qui lui était consacré dans ces pages), mais surtout par le prénom dont ils ont affublé leur bébé auquel elle a donné naissance en mai 2020 : « X Æ A-Xii ». Ca ne s’invente pas (enfin, si, apparemment), l’éthymologie de ce prénom étant la suivante :

  • X : l’inconnue dans les équations mathématiques
  • Æ : la traduction de « AI » (Intelligence Artificielle) mais aussi de « Amour » dans la langue des elfes
  • A-Xii : le prénom initial se terminait par A-12 mais il a été refusé, la loi californienne interdisant les chiffres dans les prénoms. Le 12 a donc été retranscrit en chiffres romains. Et sinon, pourquoi A-12? Parce que le Lockheed A-12 (ancêtre du mythique Lockheed SR71 Blackbird) est leur avion préféré. Ce qui peut amener à se demander si les parents de Meghan Markle n’avaient pas un faible pour les voitures françaises…

Pour en revenir à l’actualité musicale, Grimes a sorti cette semaine un album intitulé Miss anthropocene (rave edition) constitué de remixes orientés dancefloor de son précédent album lui-même intitulé, je vous le donne en mille : Miss anthropocene. Les remixes sont signés d’un certain nombre de pointures électro telles que Plastikman ou Modselektor, mais à moins d’être à Lieuron (charmante bourgade d’Ille et Vilaine : son église, son cluster) un soir de réveillon, on lui préférera l’original.

Sorti en pleine grossesse (pour la chanteuse) et en plein confinement (pour le reste du monde), on appréciera au passage la démarche de Grimes pour le titre You’ll miss me when I’m not around : le clip est tourné sur fond vert, selon la technique permettant d’incruster les images dans un décor virtuel… et diffusé tel quel, accompagnée d’un kit créatif contenant notamment les pistes séparées de la chanson afin de permettre aux internautes enfermés chez eux de s’occuper à fabriquer leur propre clip et leur propre mix de sa chanson. Belle idée d’une artiste elle-même adepte du Do It Yourself…

Clip original :

Clip réalisé par un fan :

Prudence – Offenses

Je savais que je n’aurais pas dû : à l’occasion de la sortie de l’EP Be water de Prudence, j’ai commis l’imprudence (ah, ah) de réécouter le titre Offenses qui y figure, et comme il y a quelques mois lors de sa sortie en single, impossible ensuite de me le sortir de la tête pendant des jours. Il y a des chansons comme ça, qui s’emparent de vous (et pas forcément des autres) par surprise, sans qu’on sache exactement pourquoi.

Si vous ne connaissez peut-être pas Prudence, quelques titres seulement au compteur distillés depuis le début de l’année sans susciter d’émoi international, vous connaissez sans doute sa voix : celle de The Dø. Sous ce nom d’artiste se cache en effet le nouveau projet d’Olivia Merilahti, qui réapparait seule après six ans de silence discographique de son groupe.

La séparation du couple qu’elle formait à la ville avec son acolyte Dan Lévy pouvait laisser craindre la dislocation de leur projet musical commun, même si elle n’avait pas empêché leur troisième (et dernier à ce jour) album Shake Shook Shaken de voir le jour, et d’être récompensé aux Victoires de la musique. On se rassurait un peu en se disant qu’un autre duo, Dead Can Dance, avait fait l’essentiel de sa carrière après la séparation amoureuse de Lisa Gerrard et Brendan Perry (et en vivant à 20000 km l’un de l’autre) sans que cela n’affecte leur production musicale. Et ne parlons pas de Peter et Sloane, dont la carrière… non, n’en parlons pas.

Si The Dø n’est pas officiellement dissout, ce n’est visiblement pas à la préparation d’un nouvel album du groupe qu’a œuvré Olivia Merilahti ces dernier temps, volant désormais de ses propres ailes. L’écoute du premier single Never with U dévoilé au printemps laissait penser, à l’instar de l’inégale carrière solo de Lisa Gerrard, que le groupe valait plus que la somme de ses individualités. Pop électronique calibrée, assaisonnée d’un clip futuriste où elle apparaissait en super-héroïne d’un univers cyberpunk : certainement efficace, le titre manquait en revanche clairement du je-ne-sais-quoi qui faisait de The Dø le groupe de pop-rock français le plus intéressant depuis les Rita Mitsouko.

Entre temps est paru Offenses, dont le refrain est la première occasion d’entendre Olivia chanter en français. Si ses paroles aux accents mystiques (« J’abrège tes souffrances / pardonne moi mes offenses ») chantées dans un registre aigu rappelleraient presque Mylène Farmer, la formule voix féminine expressive posée sur une pop synthétique (plus dépouillée et mélancolique cette fois) évoque surtout l’excellent deuxième album Radiate de Jeanne Added, chanteuse dont le premier opus a été réalisé sous la houlette de… Dan Lévy, le monde est petit.

Tout en savourant le plaisir de retrouver le chant d’Olivia Merilahti (qui a gagné en maturité et en maîtrise) sur une chanson qui lui permet d’en exprimer la singularité, on attend de voir ce que le projet Prudence donnera sur la longueur d’un point de vue musical : plus dans le registre d’Offenses (illustrée d’un autre clip futuriste, ambiance Avatar cette fois), les deux autres titres de l’EP sont moins racoleurs et plus subtils que Never with U, mais le tout reste moins audacieux que ne le fut The Dø. Future will tell…

Ecouter sur Deezer

Jeanne Added – Radiate (critique album)

On avait découvert Jeanne Added à l’occasion des Transmusicales 2014, où elle était en résidence à l’Aire Libre. Elle y donnait alors ses premiers concerts dans la foulée de la sortie de son premier album solo Be sensational. Malgré son expérience (34 ans l’époque, et une déjà longue expérience en tant que violoncelliste et chanteuse de jazz), on y avait vu une Jeanne Added un peu tendue par ces premiers pas sur scène en solo, sans que cela n’enlève quoi que ce soit à son talent.

Si on avait été bluffé par sa voix, qu’elle maîtrise remarquablement bien, on avait trouvé les titres de ce premier album un peu inégaux, malgré la présence de l’excellent Dan Lévy (moitié masculine de The Dø) à la production. Dans une veine synthétique sombre pouvant évoquer une sorte de coldwave réactualisée contrastant de manière intéressante avec la voix de la chanteuse, cet album souffrait de morceaux globalement un peu répétitifs (Lydia, Back to summer…) ou un peu bancals (Ready) qui ne nous avaient pas séduits. Be sensational avait néanmoins reçu un excellent accueil critique (et une nomination aux Victoires de la musique), et recélait également des chansons de très bonne facture (A war is coming, Night shame pride, également répétitifs… mais réussis, le très beau Look at them, ou encore Suddenly)

Qu’en est-il de ce nouvel album intitulé Radiate, qui sort aujourd’hui? Comme l’avaient laissé présager les premiers singles, Jeanne Added a effectué sa mue (« It’s unusual how I mutate » répète-t-elle d’ailleurs à l’envi dans Mutate) : elle a quitté le côté obscur et livre un album beaucoup plus lumineux. Aussi voire plus synthétique que le premier, mais dans un esprit totalement différent. La rage sombre qui transpirait parfois de Be sensational a laissé la place à une sorte d’apaisement qui irradie (« radiate » en anglais…) un album beaucoup cohérent et abouti que le premier.

Avec notamment une belle succession de titres dans la première moitié de l’album (Falling hearts, Radiate, Before the sun et Mutate), arrangements et mélodies ont beaucoup gagné en richesse depuis Be sensational, et la voix de Jeanne Added y est toujours aussi belle et expressive.

On a ici affaire à un excellent disque de pop électronique féminine, qu’on rangera donc aux côtés de ceux d’artistes tels que Austra, Lamb, Sylvan Esso, Emika ou encore Purity Ring, à cela près que Jeanne Added est probablement la meilleure chanteuse du lot, même si Lou Rhodes (de Lamb) et Katie Stelmanis (d’Austra), ont des timbres très personnels.

C’est donc avec un grand plaisir qu’on constate le long chemin parcouru par Jeanne Added depuis quatre ans, et on lui souhaite qu’il se prolonge le plus loin possible.

Info pour les Rennais : Jeanne Added sera en concert à Cesson-Sévigné le 29 novembre 2018

Lali Puna – Deep dream (et autres groupes connexes du label Morr Music mais pas que)

La sortie d’un nouvel album sur le label Morr Music est généralement une bonne nouvelle. Si ce label berlinois, qui porte le nom de son fondateur Thomas Morr, n’héberge aucun artiste français contrairement à ce que le nom de certains pourrait laisser croire (« Pascal Pinon » est en réalité un duo islandais baptisé d’après le nom d’un phénomène de foire… mexicain, et « Benoit Pioulard » est le pseudonyme de l’américain Thomas Meluch), on y trouve par contre quelques artistes islandais de renom (Mùm, Soley…), ainsi que la crème de l’indie-pop allemande. La sortie du cinquième album studio de Lali Puna est ainsi l’occasion de parler d’une des nébuleuses musicales les plus fécondes outre-Rhin. Pour comprendre cette nébuleuse, rien de tel que quelques petits schémas à la sauce « théorie des ensembles ». Soient des éléments appelés « musiciens » appartenant à des ensembles musicaux appelés « groupes ». En règle générale, les groupes ont une intersection nulle. Exemple :

Autrement dit, ils n’ont aucun musicien en commun, même si en l’occurrence il eut peut-être fallu avoir des musiciens tout court pour en avoir en commun.

Dans le cas qui nous occupe, cette nébuleuse est constituée de groupes dont l’intersection est (à l’instar de leur musique) franchement pas nulle. Ils ont en effet la particularité de partager (ou d’avoir partagé) un ou plusieurs membres :

Parmi ces groupes, Lali Puna est la dernière entité à avoir sorti un album. Porté à l’origine par les deux co-compositeurs Valerie Trebeljahr (à la voix et aux claviers) et Markus Acher (guitare, basse, claviers), le groupe entérine avec Two windows le départ de ce dernier, absent de ce nouvel album. L’impact de la défection de son guitariste sur le style de Lali Puna reste néanmoins assez minime : si la musique de Two windows est très centrée sur l’électronique, la guitare était déjà assez notoirement absente de l’album précédent Our inventions. Qu’en est-il des compositions, désormais dévolues à la seule Valerie Trebeljahr ? Celle-ci s’en sort plutôt bien, à l’instar de chansons telles que Deep dream.

Et si l’album n’apporte pas forcément grand chose de nouveau par rapport à ses prédécesseurs, il est également loin de faire tache dans la discographie du groupe, même si on lui préférera probablement Faking the books.

Quant aux autres groupes de cette nébuleuse, ne manquez pas d’écouter les trop rares Ms John Soda (3 albums en 15 ans), qui donnent dans l’indie pop à guitare mâtinée d’un peu d’électronique :

…et dont la musique, malgré le fait que les deux groupes n’aient aucun membre en commun, n’est pas sans rappeler le style d’anciens titres de Lali Puna tels que celui-ci:

On appréciera également l’electronica plus ou moins contemplative de Martin Gretschmann, la tête pensante de Console :

Enfin, nous terminerons ce tour d’horizon avec la charnière centrale de cette nébuleuse musicale : The Notwist, groupe qui débuta dans la mouvance punk/métal avant de changer radicalement de style, et qui nous gratifie désormais d’une pop attachante teintée d’embardées plus expérimentales. Voici donc un extrait de leur dernier album Superheroes, Ghostvillains + Stuff datant de 2016 :

…et un autre d’un de leurs albums les plus emblématiques : Neon golden, paru en 2002, et qui fit notamment l’objet d’un concert 13 ans après sa sortie lors de l’édition 2015 de la Route du Rock (l’album y fut joué intégralement et dans l’ordre).

 

 

Arnaud Rebotini – Arrestation (B.O. Eastern Boys)

Hier soir était diffusé sur Arte le film Eastern boys, dont la B.O. est signée Arnaud Rebotini, musicien électro (et parfois rock) œuvrant au sein duo Black Strobe, mais également sous son propre nom et, une seule fois malheureusement, sous le nom de Zend Avesta, pseudonyme sous lequel il livra en 2000 un magistral album pas du tout électronique (ni rock) sur lequel figuraient entre autres Alain Bashung et les ex-chanteuses de GusGus et d’Archive.

Depuis ce coup de force, Rebotini ne s’était plus aventuré dans le style musical ambitieux qui avait fait la marque de fabrique de son alias Zend Avesta et suscité nombre de critiques élogieuses… jusqu’à la sortie d’Eastern Boys en 2014 où à la faveur de quelques titres, et en particulier du premier (« Arrestation »), le musicien nous renvoie à ce sommet de sa carrière musicale.

 

A l’exception de cette parenthèse, on est depuis resté sans nouvelles de Zend Avesta, et ce n’est pas l’écoute des albums de Black Strobe qui nous en consolera.

 

Fragments – Echoes (album: Imaginary seas)

Il arrive parfois que les algorithmes des services de streaming du style « Si vous aimez Machin, vous aimerez Truc » produisent des résultats pertinents et permettent de découvrir un Truc qu’on ne connaissait pas et qui se révèle égaler ce que fait Machin. C’est ainsi qu’à l’écoute d’on ne sait plus trop qui que l’on aimait bien (Apparat? Saycet? Kiasmos?) on s’était vu proposer le nom de Fragments, groupe qui mêle avec talent electronica mélancolique et post-rock. La musique du trio, instrumentale, évoque donc celle des sus-nommés, mâtinée d’une touche de Mogwai ou de Sigur Ros.

Pour preuve, ce titre: Echoes, qui après chaque écoute de leur premier album Imaginary seas, nous hante un bon moment.

Fragments sera en concert à Rennes, ville de naissance du groupe, le samedi 29 avril au 1988 Live Club.

James Blake – Love me in whatever way (+critique album: The colour in anything)

Bien sûr il y a toujours cette voix bouleversante, à ranger avec celles de Patrick Watson ou d’Anohni/Antony Hegarty. Car si James Blake se classe dans la musique électronique (à la tête du mouvement post-dubstep), c’est aussi par son chant qu’il s’élève haut, très haut, survolant la masse de bon nombre de productions électro interchangeables et sans âme.

Par son chant, mais pas seulement, car le jeune prodige anglais a plus d’une corde à son piano, et se double d’une inventivité certaine face aux machines. Avec ce long (17 titres, plus de 70 minutes) nouvel opus, Blake ne déçoit pas, et écrit une nouvelle page de sa discographie, sans montrer de signe particulier d’essoufflement après la montée en puissance qui séparait son bon premier album éponyme du brillant Overgrown.

Mêlant habilement harmonies soul et bidouillages électroniques, les titres de The colour in anything oscillent entre ambiances dérangées (Points, I hope my life) et chansons piano/voix déchirantes (f.o.r.e.v.e.r, The colour in anything).

Le titre Love me in whatever way est une bonne synthèse de ces deux extrêmes :

Pantha du Prince – Frau Im Mond, Sterne Laufen (album: The triad)

A l’instar de Moderat, récemment chroniqué ici, Pantha du Prince est l’un des représentants les plus intéressant de la musique électronique berlinoise tendance house minimale. On pourrait le qualifier ironiquement de « fée clochette de l’electronica », la marque de fabrique de l’Allemand ayant toujours été d’intégrer à sa musique moult tintements enregistrés ici et là, petite manie qui connaîtra son apothéose avec l’album Elements of light paru en 2013 et réalisé en collaboration avec The Bell Laboratory, un collectif de percussionnistes norvégiens maniant les carillons de trois tonnes avec dextérité. Son successeur, paru avant l’été, est à classer dans les bonnes productions de Pantha du Prince, qui s’est adjoint les services de deux autres musiciens (dont un membre de The Bell Laboratory) pour le composer, d’où son titre : The Triad.

Apparat – Song of Los (album: The devil’s walk)

Bon point orPour faire suite à la chronique du nouvel album de Moderat, qui fut l’occasion de réaliser la totale absence sur ces pages de l’excellent Apparat (également membre de Moderat), terminons de réparer cette omission en lui consacrant un article.

Sascha Ring (alias Apparat) est depuis les années 2000 et avec sa comparse Ellen Allien, un des fers de lance de la musique électronique berlinoise (voir leur album commun Orchestra of bubbles, paru en 2006). Si cette dernière verse plutôt dans une tech/house minimale, Apparat est passé progressivement d’une musique électronique assez complexe (lorgnant plus du côté des artistes du label anglais Warp tels qu’Aphex Twin ou Autechre) à un registre plus pop, endossant progressivement le costume de chanteur en plus de celui de compositeur/producteur. C’est l’album Walls qui marque le début de cette transition, achevée avec The devil’s walk, paru en 2011, brillant album dans lequel figurent quelques pépites somptueusement mélancoliques telles que Song of los.

Ecouter sur Deezer

Ecouter d’autres titres du même style

Moderat – Bad kingdom

Bon point argentJe réalise avec horreur à l’occasion de la sortie du troisième et apparemment ultime opus de Moderat que je n’en ai jamais parlé ici, ni d’ailleurs d’Apparat, une des deux moitiés de ce trio (je vais m’expliquer sans tarder sur cette étrange conception des mathématiques)

Moderat est effectivement une sorte de duo qui rassemble deux entités : Modselektor, lui-même constitué d’un duo, et Apparat, constitué de Sascha Ring tout seul. Bref, Modselektor + Apparat = Moderat, et au total ils sont trois. Et font partie de la crème de la scène électronique berlinoise.

En parallèle de leurs carrières respectives, ces artistes ont donc décidé de faire cause commune le temps d’une trilogie dont le dernier chapitre vient donc de sortir. Plutôt que de se creuser la tête à trouver des titres à leurs albums (nommés Moderat, II et III), les trois acolytes ont préféré se concentrer sur la musique… Du coup, difficile de recommander un album plus qu’un autre, la qualité étant au rendez-vous du début à la fin. Toujours pourra-t-on noter que l’évolution de Moderat a suivi celle d’Apparat qui, de DJ/producteur à ses début (dans une veine glitch/IDM de la lignée des Aphex Twin), s’est progressivement tourné vers le chant et des formats plus pop. Alors que le premier Moderat est donc très instrumental, les suivants voient la voix de Sascha Ring prendre une place croissante.

Difficile aussi de choisir un titre, mais c’est finalement Bad kingdom, extrait de II, qui coiffe Reminder (extrait de III) au poteau. On citera également comme autres très bons titres : Seamonkey et Nasty silence sur Moderat, Therapy sur II, et Intruder sur III.

Ecouter sur Deezer

Ecouter d’autres titres du même style

Anima! – Breathe

Anima!, duo sud-africano-californien, vient de sortir son premier album, sans distribution physique il semble, du moins pas en France.

Secret encore bien gardé, ce petit bijou s’écoute (et s’achète : je vous encourage à les encourager…) sur BandCamp.

En voici un extrait:

Lamb – In binary

Lamb est un duo composé d’Andy Barlow et Lou Rhodes

Lamb mélange le trip-hop avec des éléments de jazz et de drum’n’bass

Lamb a été actif de 1996 à 2004 : 4 albums, plus un best of en guise de testament avant de disparaître, les deux membres se lançant dans des carrières solo ou des projets parallèles (restés assez confidentiels)

Lamb est réapparu vers 2010, avec une tournée suivie d’un nouvel album

Puis d’un autre en 2014, intitulé Backspace unwind

Qui est très bien

Et dont est extrait le single In binary

Ecouter sur Deezer (en version longue, avec encore plus de ce gimmick au synthé qui fait une bonne partie de la personnalité de ce morceau)

Bonus : une démo piano/voix de l’autre titre le plus marquant de l’album, As satellites go by

 

Best of : les meilleures notes de Depeche Mode

Entamée il y a 35 ans, la discographie de Depeche Mode est assez étoffée (13 albums studio, quelques singles isolés, des lives, bon nombre de remixes…) Avec 35 titres, un par année de carrière, ce qui est une totale coïncidence, ce Best of l’est donc forcément aussi. Il vise à retracer chronologiquement les meilleurs titres du groupe au fil de son histoire, sans souci d’équilibrer la répartition des titres entre les différents albums ni de se restreindre à un nombre total de titres prédéterminé.

Ecouter le Best of

Le premier album de Depeche Mode, Speak and Spell, dans lequel figure leur premier tube international Just can’t get enough, sort fin 1981. Composé par Vince Clark, qui quittera le groupe peu après pour créer les éphémères Yazoo et The Assembly avant de fonder le pérenne Erasure, Speak and Spell a plutôt mal vieilli et sonne souvent très naïf, comme c’est assez souvent le cas de la musique électronique de cette époque (le Don’t go de Yazoo s’en sort d’ailleurs probablement un peu mieux). Just can’t get enough est un morceau léger au texte gnangnan qui ne doit sa présence dans ce Best of qu’au fait d’avoir été le titre qui a révélé Depeche Mode sur la scène internationale (et pour permettre à Speak and Spell de ne pas être totalement absent de cette sélection)

  • 01 – Just can’t get enough

C’est lorsque Martin Gore prend les manettes de la composition, sur le deuxième album A broken frame, que ce qui deviendra l’identité musicale du groupe commence, timidement, à émerger. Gore marche alors encore un peu dans les pas de Clarke et n’a pas encore pleinement trouvé son style. Album de transition, il comporte peu de titres inoubliables et vaut surtout pour la présence de Leave in silence.

  • 02 – Leave in Silence

Après la sortie de A broken frame, le groupe lance Get the balance right, un single qui ne figurera dans aucun album (si ce n’est une compilation de singles), mais dont la version longue est considérée par certains comme une source d’inspiration majeure de la scène techno qui prit naissance à Detroit au milieu des années 80. Et avec le recul, l’écoute de ce maxi est effectivement un peu troublante, révélant des éléments de ce qui rappellent étrangement ce que sera ce courant musical quelques années plus tard.

  • 03 – Get the balance right

Recruté pour remplacer Vince Clark, Alan Wilder commence à être impliqué dans le processus créatif lors du troisième album Construction time again. C’est à ce moment que, sous son impulsion, l’utilisation des samplers et de sonorités issues de la musique industrielle apparait dans la musique du groupe. Comme son prédécesseur, l’album est assez inégal. On en retiendra principalement le superbe single Everything counts, qui prend une ampleur supplémentaire dans sa version live (figurant sur l’album 101 paru en 1989)

  • 04 – Everything counts (live)

Cette tendance est clairement confirmée dans l’album suivant, Some great reward, qui marque le passage à la vitesse supérieure du groupe. Des titres comme People are people et Master and servant connaissent un fort succès malgré leur sonorité très particulière, et installent Depeche Mode dans la cour des grands de la new wave. L’album comporte également nombre d’autres titres intéressant, dans des registres parfois différents tels que le piano-voix Somebody, interprété par Martin Gore (on n’est jamais mieux servi que par soi-même), qui confirme le talent de songwriter de ce dernier (ainsi qu’une très belle voix, sous-utilisée dans la mesure où le groupe a déjà son chanteur titulaire en la personne de Dave Gahan). Combiné à l’univers sonore élaboré par Alan Wilder, le groupe a trouvé sa formule : Depeche Mode arrive à son apogée et va le rester pendant les quelques albums suivants.

  • 05 – Lie to me
  • 06 – People are people
  • 07 – Somebody (live)
  • 08 – Master and servant
  • 09 – Blasphemous rumours

Après A great reward, Depeche Mode sort un nouveau single hors album qui est également de très bonne facture : Shake the disease.

  • 10 – Shake the disease

Suit Black Celebration, concentré de titres plus réussis les uns que les autres, dans un registre peut-être plus mélodique que l’album précédent, même si le groupe conserve sa signature sonore. La voix de Martin Gore, très complémentaire de celle de David Gahan, y trouve une plus large place, puisqu’il interprète trois titres, dont le single A question of lust, et de nombreux choeurs. En live, Martin Gore délivre une très belle version piano-voix de la chanson But not tonight, originellement chantée par Dave Gahan sur des arrangements électroniques, prouvant une fois de plus que derrière l’enrobage sonore élaboré des chansons de Depeche Mode se trouve une réelle musicalité.

  • 11 – Black celebration
  • 12 – A question of lust
  • 13 – Stripped
  • 14 – Here is the house
  • 15 – World full of nothing
  • 16 – But not tonight (live)

L’album suivant, Music for the masses, comporte également une grosse fournée de très bonnes chansons, dont un des singles emblématiques du groupe : Never let me down again.

  • 17 – Never let me down again
  • 18 – Strangelove
  • 19 – Little 15
  • 20 – Behind the wheel

Assez unanimement considéré comme leur meilleur album, Violator parait en 1990. Si le groupe commence à opérer un virage stylistique (les sonorités industrielles se font plus discrètes), il n’y a pas grand chose à jeter dans cet opus au sein duquel figure leur plus grand succès Enjoy the silence, mais aussi nombre d’autres excellents titres.

  • 21 – World in my eyes
  • 22 – Personal Jesus
  • 23 – Halo
  • 24 – Waiting for the night
  • 25 – Enjoy the silence
  • 26 – Policy of truth

L’album suivant, très attendu et intitulé Songs of faith and devotion, sort trois ans plus tard. Il marque le début d’une présence beaucoup plus forte de la guitare électrique dans l’instrumentation du groupe : le récent avènement du grunge est passé par là, sans oublier que c’est l’instrument premier de Martin Gore, qui considère Depeche Mode comme « un groupe de blues joué avec des synthétiseurs ». S’il est plus inégal que Violator, il contient néanmoins quelques réussites telles que Walking in my shoes. Cependant, il marque aussi le début de la fin de la période dorée pour Depeche Mode. En effet, pendant l’épuisante tournée qui suit la sortie du disque, le chanteur David Gahan connaît de sérieux problèmes de drogue qui créent de graves tensions au sein du groupe. S’ensuivent une tentative de suicide puis une overdose d’héroïne qui le conduisent à plusieurs reprises en cure de désintoxication. C’est également à cette période qu’Alan Wilder claque la porte, emportant avec lui toute son expertise dans le travail sur le son.

  • 27 – Walking in my shoes
  • 28 – In your room

Désormais sevré, Dave Gahan et les deux autres membres restants du groupe, à savoir l’auteur/compositeur Martin Gore et le discret Andrew Fletcher, reprennent le chemin des studios. Il en sort Ultra, un album où la présence de la guitare continue de s’affirmer au milieu des sons synthétiques. On en retiendra principalement Home, qui mélange élégamment sons synthétiques, guitare électrique et ensemble de cordes.

  • 29 – Home

Exciter suivra quelques années plus tard. Le son, de nouveau plus électronique, mais aussi plus chirurgical et minimaliste, est confié à Mark Bell (décédé depuis), membre de LFO (duo précurseur de la techno) et proche collaborateur de Björk. Avec la maturité, Dave Gahan explore également de nouvelles facettes de sa voix. Il ne force plus son côté métallique comme il a pu le faire pendant la période plus « industrielle » du groupe. Il a acquis une belle maîtrise de son chant, et ose la douceur.

  • 30 – Dream on
  • 31 – Comatose

Playing the angel sort en 2005 et marque le retour en force de la guitare électrique, plus dans la lignée d’Ultra que d’Exciter.

  • 32 – Precious
  • 33 – Damaged people

Quatre ans plus tard, Sounds of the universe lui fait suite. Le single martial Wrong est très efficace, sorte d’héritage des Master and servant ou Never let me down again, mais le reste de l’album manque de titres forts.

  • 34 – Wrong

Enfin, Delta Machine renoue un peu avec le style de l’époque du succès de Songs of faith and devotion, dans une version actualisée. La production est réussie, mais les opinions sont partagées entre ceux qui crient au réchauffé et ceux qui célèbrent le retour en forme du désormais trio. Les fans appartenant à la deuxième catégorie se réjouiront d’un titre tel que Broken, dont l’atmosphère mélancolique n’est pas si éloignée d’un Walking in my shoes.

  • 35 – Broken

Ecouter le Best of

PS : la simultanéité fortuite entre la rédaction de cette chronique et la disparition de Michel Delpech rappelle à notre bon souvenir les efforts méritoires du groupe Delpech Mode pour combiner les textes des chansons de Michel Delpech aux musiques de celles de Depeche Mode, nous gratifiant d’inoubliables titres tels que Enjoy le Loir et Cher, Master et chasseur ou encore Stangelorette. Mention spéciale à Just quand j’étais chanteur, dont le clip nous remémore les improbables accoutrements de Martin Gore de la fin des années 80 (période Some great reward / Black celebration plutôt que Speak and spell dont est issu Just can’t get enough, mais on leur pardonne l’anachronisme)