Feu! Chatterton – L’ivresse (critique album: L’oiseleur)

On l’avoue volontiers : on n’avait pas forcément partagé l’enthousiasme autour de Feu! Chatterton à leur apparition. Non pas qu’on  trouvât qu’ils fussent mauvais, mais on était un peu agacé par le phrasé emphatique et grandiloquent du chanteur, qui contribuait à donner à l’ensemble un côté boursouflé et légèrement prétentieux, un peu comme un chroniqueur musical qui mettrait des imparfaits du subjonctif dans une critique d’album… Dans la veine « rock français avec des ambitions littéraires » de ces quelques groupes assez jeunes qui poursuivent le sillon creusé par Noir Désir, on leur préférait les moins tape-à-l’oeil Radio Elvis.

Ce deuxième album, L’oiseleur, nous fait réviser notre jugement. Certes le style vocal d’Arthur Teboul n’a pas complètement changé et fait de toute façon partie intégrante de la signature du groupe, mais peut-être a-t-on fini par s’y habituer. Et puis surtout, quelle progression! On ne peut que reconnaître la qualité des musiques, et notamment le soin porté aux arrangements qui confèrent à l’album un côté à la fois vintage et classieux, pouvant évoquer dans une certaine mesure les anglais de Tindersticks. Les textes ne sont pas en reste, même si certains ont été empruntés à des poètes célèbres. Même si le style et la voix diffèrent, on pourra aussi voir une filiation avec feu (!) Alain Bashung au regard du sentiment d’exigence dans l’écriture comme dans la production qui se dégage de cet album. Bref, Feu! Chatterton a parfaitement réussi sa montée en gamme, comme en témoignent des titres tels que Je ne te vois plus, Tes yeux verts ou encore Sari d’orcino.

 

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