Pour une fois, et dans un élan de solidarité avec PPDA et Rama Yade, je vais plagier en commençant par un copier/coller de la chronique des Inrocks publiée à la sortie du deuxième album de Mondkopf, en 2009, intitulé « Galaxy of nowhere ».
Dans le civil, le jeune Toulousain Paul Régimbeau se déplace principalement en skate-board. On ignorait que ces engins volaient aussi haut, loin du plancher des vaches, atteignant une voluptueuse apesanteur qu’aucun électronicien français n’avait visitée depuis les premiers pas, élastiques et joueurs, d’Air. Si l’on devait établir un jour un hit-parade des musiques que les artistes – cinéastes, plasticiens, écrivains… – écoutent en travaillant, on ne serait justement pas surpris d’y retrouver, en haute estime, les travaux des deux Versaillais, juste derrière Brian Eno, intouchable. Souvent citée en référence comme puissant stimulus intellectuel ou simple clé des champs du rêve, la musique plane d’Eno irrigue ainsi notre société en profondeur, petite mère de tant d’instants de paix, de plénitude, de zénitude. Dans vingt ans, quand on demandera aux chercheurs du CNRS et auteurs de science-fiction au son de quels musiciens ils envisagent d’autres mondes, ils répondront sans doute, la bouche en coeur, Mondkopf, l’un des disciples d’Eno les plus imposants apparus en ce siècle des lumières noires. Car elle a beau être moins ambient dans son épure, plus pop dans son déroulé gracile, l’electro de Mondkopf a bien retenu les fantastiques leçons de soustractions d’Eno, laissant parfois les mélodies au bord du silence, les harmonies à deux doigts de l’extinction. Dance-music pour scaphandre lunaire et sautillements ralentis, Galaxy of Nowhere invite à la dérive, à l’évasion, au repos liquide des corps et à la convulsion des imaginations, à la profusion des films intérieurs. Etonnant choc thermique entre le minimalisme des sons et le maximalisme des propositions, entre l’abandon et un prodigieux allant, cet album où se bousculent RZA et Moroder, Arvo Pärt et Aphex Twin est un traître à toutes les tribus electro, des hédonistes aux ascétiques. Allié de tous mais fidèle à aucun dogme ni à aucune religion, ce grand homme sur sa planche à roulettes peut ainsi démarrer une chanson (car ces symphonies éthérées/dératées restent des chansons farouchement pop) dans une forêt de cordes inquiètes à la Sigur Rós pour la finir hilare sur le dance-floor extatique de Vitalic. Cosmique et solitaire – Galaxy of nowhere, donc
On pourra ajouter comme référence les écossais de Boards of Canada, dont la somptueuse musique downtempo n’a pas encore été évoquée sur ce blog, mais qui le sera un jour ou l’autre. Boards of Canada est signé chez Warp, incontournable label de la musique électronique dite intelligente, et dont le catalogue (malheureusement absent de Deezer a ce jour) recèle nombre d’artistes talentueux et inventifs, tels Aphex Twin, Plaid, Autechre, Leila, etc.
Le chroniqueur des Inrocks parle de plénitude au sujet de la musique de Brian Eno, cité comme influence de Mondkopf. C’est aussi ce que m’inspire l’extrait de « Galaxy of nowhere » que j’ai choisi, intitulé « Bain du matin ».
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Vous avez aimé? Alors restez sur « Galaxy of nowhere », car l’album suivant « Rising doom » passe du côté obscur de la force, avec une atmosphère beaucoup plus sombre qui, à titre personnel, me plaît nettement moins.
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