Archive – Controlling crowds

Troisième sortie du moment : le nouvel Archive est dans les bacs. C’est pour moi l’occasion de commencer à écouler mon stock de titres d’Archive. Groupe créé à l’origine par deux « requins de studio » (musiciens aguerris gagnant leur vie en écumant les sessions d’enregistrement), il faut bien dire que les deux lascars connaissent les ficelles du métier. Arrangements pertinents, production léchée, Archive nous livre régulièrement des titres d’une efficacité redoutable.

Au cours de sa carrière, le groupe s’est aventuré dans divers styles musicaux avec plus ou moins de réussite, changeant de chanteurs/chanteuses au fil des albums. Avant ce nouvel opus intitulé « With us until you’re dead », que l’on peut voir comme un genre de synthèse des différents styles explorés par le groupe, Archive avait livré un double album en deux temps : « Controlling Crowds » suivi d’un « Controlling Crowds (Part IV) », qui marquait un retour vers le style plus électronique / trip-hop du premier album, registre dans lequel ils excellent particulièrement. Faute d’un titre aussi réussi dans le nouvel album (qui est loin d’être mauvais pour autant), c’est le titre éponyme de l’album « Controlling Crowds » sorti en 2009 que nous allons écouter. Le morceau dure plus de 10 minutes, mais on n’a pas le temps de s’y ennuyer : Archive, qui est relativement coutumier du fait, maîtrise l’art de développer un thème musical.

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Mondkopf – Bain du matin

Pour une fois, et dans un élan de solidarité avec PPDA et Rama Yade, je vais plagier en commençant par un copier/coller de la chronique des Inrocks publiée à la sortie du deuxième album de Mondkopf, en 2009, intitulé « Galaxy of nowhere ».

Dans le civil, le jeune Toulousain Paul Régimbeau se déplace principalement en skate-board. On ignorait que ces engins volaient aussi haut, loin du plancher des vaches, atteignant une voluptueuse apesanteur qu’aucun électronicien français n’avait visitée depuis les premiers pas, élastiques et joueurs, d’Air. Si l’on devait établir un jour un hit-parade des musiques que les artistes – cinéastes, plasticiens, écrivains… – écoutent en travaillant, on ne serait justement pas surpris d’y retrouver, en haute estime, les travaux des deux Versaillais, juste derrière Brian Eno, intouchable. Souvent citée en référence comme puissant stimulus intellectuel ou simple clé des champs du rêve, la musique plane d’Eno irrigue ainsi notre société en profondeur, petite mère de tant d’instants de paix, de plénitude, de zénitude. Dans vingt ans, quand on demandera aux chercheurs du CNRS et auteurs de science-fiction au son de quels musiciens ils envisagent d’autres mondes, ils répondront sans doute, la bouche en coeur, Mondkopf, l’un des disciples d’Eno les plus imposants apparus en ce siècle des lumières noires. Car elle a beau être moins ambient dans son épure, plus pop dans son déroulé gracile, l’electro de Mondkopf a bien retenu les fantastiques leçons de soustractions d’Eno, laissant parfois les mélodies au bord du silence, les harmonies à deux doigts de l’extinction. Dance-music pour scaphandre lunaire et sautillements ralentis, Galaxy of Nowhere invite à la dérive, à l’évasion, au repos liquide des corps et à la convulsion des imaginations, à la profusion des films intérieurs. Etonnant choc thermique entre le minimalisme des sons et le maximalisme des propositions, entre l’abandon et un prodigieux allant, cet album où se bousculent RZA et Moroder, Arvo Pärt et Aphex Twin est un traître à toutes les tribus electro, des hédonistes aux ascétiques. Allié de tous mais fidèle à aucun dogme ni à aucune religion, ce grand homme sur sa planche à roulettes peut ainsi démarrer une chanson (car ces symphonies éthérées/dératées restent des chansons farouchement pop) dans une forêt de cordes inquiètes à la Sigur Rós pour la finir hilare sur le dance-floor extatique de Vitalic. Cosmique et solitaire – Galaxy of nowhere, donc

On pourra ajouter comme référence les écossais de Boards of Canada, dont la somptueuse musique downtempo n’a pas encore été évoquée sur ce blog, mais qui le sera un jour ou l’autre. Boards of Canada est signé chez Warp, incontournable label de la musique électronique dite intelligente, et dont le catalogue (malheureusement absent de Deezer a ce jour) recèle nombre d’artistes talentueux et inventifs, tels Aphex Twin, Plaid, Autechre, Leila, etc.

Le chroniqueur des Inrocks parle de plénitude au sujet de la musique de Brian Eno, cité comme influence de Mondkopf. C’est aussi ce que m’inspire l’extrait de « Galaxy of nowhere » que j’ai choisi, intitulé « Bain du matin ».

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Vous avez aimé? Alors restez sur « Galaxy of nowhere », car l’album suivant « Rising doom » passe du côté obscur de la force, avec une atmosphère beaucoup plus sombre qui, à titre personnel, me plaît nettement moins.

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Syd matters – Everything else

Syd Matters (en référence à Syd Barrett, le fondateur et ephémère membre de Pink Floyd), le groupe de Jonathan Morali, ne fait finalement rien de très original. Comme de nombreux groupes de par le monde, il fait du folk chanté en anglais. Sauf que… il se dégage de la musique et du chant tout en retenue de Jonathan Morali une sorte de grâce, qui fait que Syd Matters fait la même chose que nombre de groupes de par le monde… mais en mieux.

Extrait de l’album Ghost Days (2008)

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Oceansize – Music for a nurse

Puisque l’on parle de musique de publicité d’une marque d’opérateur téléphonique dont la couleur se situe entre le jaune et le rouge, remontons quelques années et quelques campagnes en arrière : en 2006, l’opérateur en question illustre un de ses spots par une autre musique, beaucoup plus méditative que celle de MGMT : « Music for a nurse », d’Oceansize. Si l’album dont elle est extraite, intitulé « Everyone into position » et paru l’année précédente, n’est franchement pas ma tasse de thé (du gros rock pompier sans grand intérêt à mes yeux), la chanson « Music for a nurse », qui lorgne plutôt du côté du post-rock, est très plaisante.

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MGMT – Kids

Vous en connaissez sûrement déjà un extrait instrumental, car ce titre a été abondamment utilisé à la télévision entre autres comme musique de pub (notamment pour un opérateur téléphonique dont la couleur se situe entre le jaune et le rouge), voici donc la chanson complète (et complètement entêtante…) extraite du premier album du groupe de rock psychédélique américain paru en 2007.

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Carmen Maria Vega – Hiérarchie

Carmen Maria Vega vient de sortir son deuxième album, et son nouveau single « On s’en fout » est assez sympa. Mais ses chansons les plus drôles restent celles de son premier album éponyme (2009). Un exemple : « Hiérarchie ». Mais le mieux est quand même de la voir en live… Carmen Maria Vega ne mesure pas beaucoup plus d’un mètre cinquante, mais c’est du concentré d’énergie…

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En live à La Cigale:

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Yann Tiersen – Summer 78

Stuart Staples, chanteur des Tindersticks récemment mentionnés ici, chante un titre sur l’album « Les retrouvailles » de Yann Tiersen, ce qui m’amène à parler de ce dernier… Choisir un titre à mettre en avant n’est pas chose facile tant les albums du breton regorgent de pépites. Surtout connu du grand public pour la BO d’Amélie Poulain, en partie composée (c’est le cas de le dire…) de titres repris d’albums antérieurs, Tiersen a aussi magnifiquement mis en musique le film « Goodbye Lenin! ». Une bande originale un peu plus symphonique que ses productions habituelles, et dans laquelle transparaît l’influence de Philip Glass, qui est avec Steve Reich un des chantres de la musique minimaliste américaine.

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Portico Quartet – Dawn patrol

La sortie du nouvel album éponyme de ce quartet londonien est l’occasion de présenter cette formation de jazz, constituée d’un batteur, d’un contrebassiste, d’un saxophoniste, et d’un percussionniste jouant principalement du hang, un instrument inventé au début des années 2000 par une petite société suisse. Outre la qualité intrinsèque de la musique de Portico Quartet, j’avoue un faible pour cet instrument, probablement dû à la manière dont je l’ai découvert : une vidéo d’un (très bon) joueur de hang interprétant seul (mais avec deux hangs) une composition qui m’avait beaucoup plu… et qui aura droit à son article.

La discographie de Portico Quartet compte trois albums à ce jour, le dernier introduisant un peu d’électronique dans une musique jusque là purement acoustique. « Dawn patrol » est extrait de leur deuxième opus intitulé Isla, enregistré dans le mythique studio d’Abbey road (l’antre des Beatles) et sorti en 2009 chez Real World, le réputé label de Peter Gabriel (plutôt spécialisé dans la world music) dans le studio duquel l’album a été mixé. Particularité de ce studio : situé en pleine campagne dans un ancien moulin à eau, un sol vitré permet d’y contempler la rivière coulant sous ses pieds…

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… ou en version live (même si le saxophoniste part un peu trop en free jazz à mon goût pendant son solo…)

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Soap and Skin – Fall foliage

A l’occasion de la sortie du deuxième (mini) album de Soap & Skin, pseudonyme sous lequel se cache une jeune artiste autrichienne, retour sur son premier album « Lovetune for vacuum » paru en 2009 et salué par la critique. De formation classique et revendiquant des influences aussi diverses que Cat Power, Björk, Nico, Aphex Twin ou Arvo Pärt (artistes tous susceptibles de faire l’objet d’un post dans ce blog), elle est également précoce : elle n’avait que 18 ans a la sortie de son premier opus…

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